Pas du tout enthousiasmante, plutôt morose. Tel est le jugement sur la campagne électorale. De visu, elle n'aura pas branché grand monde ni animé de discussions passionnées hors de cercles qui ne sont pas des gisements électoraux. Les six prétendants auront été à la quête des voix selon un mode plutôt politiquement correct. Pas d'invectives, ni de joutes oratoires ni de sujets qui fâchent vraiment. Au mieux, des envolées, du verbiage avec des constats récurrents que l'Algérien lambda connaît sur le bout des ongles. Au pire, des volées de bois vert contre les boycotteurs. Une campagne lisse. Clean. Avec des thèmes généralistes et généreux. Du déjà-entendu. Comme si la société est restée figée, que le pays n'a pas bougé d'un pouce, que la crise mondiale est virtuelle et que le monde est resté le même. Mêmes litanies, mêmes ordonnances et promesses. L'autre grand dénominateur aux prétendants, des exhortations identiques pour inciter les électeurs à se rendre aux urnes. Sur ce point, ils auront été à égalité pour faire part de leur hantise de voir les urnes désertées. Ils auront tous essayé de casser le climat d'indifférence populaire qui a entouré leur campagne. On l'aura compris, l'enjeu de cette présidentielle est le taux de participation au scrutin ! Les six ont conjuré le spectre de l'abstention qui n'a pas été mesurée faute de sondages, mais que tout le monde a dans la tête dès lors qu'elle avait fait des siennes, par deux fois, aux législatives et aux municipales. Et il n'y a pas longtemps. Bien sûr, chacun a essayé de vendre son image. Dans cet exercice, c'est le Président-candidat qui s'est le plus démené car ayant l'avantage, étant en exercice, de saisir toutes les opportunités pour battre campagne. Les autres se sont limités à des rencontres organiques pour ceux d'entre eux qui disposent d'un appareil partisan, à de simples contacts avec les médias pour ceux qui en sont dépourvus et, quand ils l'ont pu, à des rencontres de proximité. Une halte à un carrefour, des mains serrées et le tour est joué. Pas armés des mêmes atouts, les cinq n'ont pas manqué de le dénoncer vers la fin de la campagne, et encore de façon molle. Le président sortant a, selon eux, bénéficié d'un avantage disproportionné. Celui de compter sur une redoutable machine électorale bien rodée qui a permis à sa puissante coalition, qui regroupe les trois plus importantes formations de l'échiquier partisan, leurs innombrables organisations et associations satellitaires, l'équipe gouvernementale au grand complet et tout ce que le pays compte de notabilités intéressées par la continuité qui lui assurera un troisième mandat, la tenue de milliers de meetings et rencontres. Cette force de frappe a eu également à sa disposition les relais médiatiques lourds étatiques. C'est l'autre récrimination des cinq qui ont relevé l'absence de la parité qui devait être la règle pour les couvertures des manifestations électorales des candidats. En effet, toute l'Algérie a été aux couleurs de Bouteflika version 2009. Permanences à profusion, oripeaux, drapeaux, effigies et portraits gigantesques. Un vrai maillage sur fond bleu reposant, une couleur qui invite à l'infini, au bonheur, à la félicité. Une grande opération de marketing. D. Bouatta