Le jour J est arrivé. Le verdict des urnes sera prononcé en ce 17 mai pour encenser ou sanctionner les prétendants aux 389 sièges de la nouvelle législature. La sixième du genre. Plus de 18 millions d'électeurs sont invités à exprimer leur choix pour élire des députés émanant des 12 229 candidats inscrits sur 1144 listes électorales. Une vingtaine de jours durant, la campagne électorale s'est apparentée à un coup de taiko (tambour japonais) dans une assemblée de sourds. Les Algériens ont manifesté un flagrant désintérêt vis-à-vis de cette élection qui répond mal aux préoccupations des citoyens. 24 formations politiques et 102 listes indépendantes de 986 candidats ont mis un pas peu ferme dans la course aux voix des électeurs. Les partis microscopiques, dont l'apparition coïncide avec les rendez-vous électoraux, n'ont pas manqué à l'appel pour jouer leur rôle de garniture des listes. Même les inconditionnels de la scène politique, le FLN et le RND en l'occurrence, soutenus par une noria d'organisations de masse, ont eu du mal à attirer l'attention. Affolés par le spectre de l'abstention, les différents candidats, toutes formations politiques confondues, n'ont pas cessé d'appeler à la participation massive. Faute de convaincre avec la présentation de programmes et de solutions concrètes à même de répondre aux attentes des Algériens, les candidats n'ont eu pour seule technique de séduction que de pâles manifestations et meetings sans grande originalité. Les citoyens ont pour leur part fait montre de répulsion face à tout ce qui a trait à la campagne électorale, voire même à tout ce qui fleure politique locale. A tel enseigne que des candidats ont dû annuler des meetings, faute d'auditoire. Des salles désertées, des affiches arrachées, absence du sujet électoral des discussions entre Algériens : de l'avis de tous, la campagne a été morose. La coïncidence de la présidentielle française avec les législatives en Algérie a joué un grand rôle pour porter l'attention des Algériens sur la vivacité des débats de l'autre côté de la Méditerranée. Malgré la tentative de certains d'introduire de nouvelles techniques pour courtiser l'électorat en recourant aux sorties de proximité, la bouderie par les citoyens de la chose politique n'a pas été altérée. Les partis en lice pour les joutes électorales ont fait preuve de manque de maîtrise des techniques de communication, se contentant d'utiliser parfois l'image du président de la République pour pallier l'absence de programmes. Même les traditionnels poids lourds n'ont pas brillé par des propositions marquant la rupture avec la précédente législature. Le FLN et le RND se sont livrés une bataille de mots et de remontrances, cachant mal une guéguerre intestine entre deux « frères », qui s'acharnent à accaparer l'amour du père. L'option du boycott a quant à elle été choisie par le FFS et une aile du MDS. Aujourd'hui, les Algériens devront répondre aux sollicitations des uns et des autres. Il faut attendre la proclamation, demain, des résultats du vote pour que chacun des initiateurs des deux options (participation et boycott) tire les conclusions qui s'imposent.