Abdelmalek Sellal a perdu son sens de l'humour hier devant des journalistes français qui lui demandaient les raisons de l'interdiction de certaines publications françaises ayant traité de l'élection présidentielle. “Nous ne sommes pas des fascistes en Algérie. Nous n'avons de leçons à recevoir de quiconque”, même s'il reconnaît qu'il n'était pas en charge de ce dossier et qu'il n'y avait aucune volonté de bâillonner la presse, il affirmera, sur un ton dur : “En Algérie, on ne négocie pas notre honneur. On ne négocie pas notre fierté. Il y a un minimum de respect. Quand on touche à la personne, c'est difficilement acceptable.” Le directeur de campagne du président-candidat n'a pas mâché ses mots pour nier le reproche totalitariste que l'on veut coller à Abdelaziz Bouteflika : “Le candidat a demandé à être élu avec une bonne majorité. Il n'est pas dictateur. Il en a souffert à une certaine époque. Il ne peut pas être un président mal élu.” Mais Abdelmalek Sellal reprendra son sens de l'humour pour le reste de la conférence de presse. Comme pour commenter les hésitations de l'Algérie par rapport au libéralisme. “Nous avons fait quelques pas. Après, on a arrêté. On s'est trompé sur certains choix, comme l'affaire Khalifa ou certaines banques. Comme un enfant, on tombe et on se ressaisit.” Ceci dit, le directeur de campagne du président-candidat était, hier, au centre international de la presse, pour apporter sa dernière couche à une campagne menée tambour battant par les partisans de Abdelaziz Bouteflika et d'apporter ses clarifications au sujet des accusations et autres reproches entourant cette campagne pas comme les autres. Abdelmalek Sellal, qui avait déjà dirigé la campagne électorale de Bouteflika en 2004, reconnaît que la campagne 2009 était trop forte sur tous les plans et que les soutiens étaient dix fois plus importants qu'en 2004. Cependant, il a opposé un niet catégorique quant aux multiples sollicitations des journalistes s'agissant du coût de la campagne électorale. Pour Abdelmalek Sellal, la direction de campagne n'est responsable que de l'argent octroyé par le trésor public, conformément à la loi. Pour le reste, tout le reste, il indiquera qu'il n'allait pas demander des factures aux particuliers qui ont contribué au financement de la campagne électorale. Ne se gênant pas de rappeler le coût de la campagne électorale de Barack Obama, il rappellera que le président-candidat était soutenu par les trois plus grands partis du pays, les organisations nationales et un nombre impressionnant d'associations : “Ce n'est pas du menu fretin. Ils ont leurs moyens.” D'ailleurs, fera-t-il remarquer, la direction de campagne avait prévu l'ouverture de plus de 5 000 permanences. Elle s'est retrouvée avec plus de 12 000 permanences. Ce qui n'a pas été sans susciter de la concurrence entre elles. L'orateur n'omettra pas de rappeler que le président-candidat avait recueilli quatre millions de signatures en faveur de sa candidature. Il jurera que la direction de campagne n'avait obligé personne à assister aux meetings et autres bains de foule du candidat. Tout en se montrant confiant quant à une forte participation des électeurs ce jeudi, Abdelmalek Sellal a déclaré : “j'ai bien consulté la météo. Il fera beau à l'est et à l'ouest, avec un peu de pluie au centre.” Le directeur de campagne, et non moins ministre, annoncera la présentation, cet été, d'une loi de finances complémentaire devant prendre en charge le plan quinquennal promis par le président-candidat. Il confirmera également que le quinquennat devrait connaître un référendum sur l'amnistie générale. Contrairement aux leaders des partis de l'alliance, Abdelmalek Sellal se montrera “sportif” par rapport aux appels de boycott. Tout en estimant que les partisans du boycott constituent une minorité, il a estimé que c'est de leur droit d'appeler au boycott. Il a, enfin, tenu à relever que durant toute la campagne, aucun candidat n'a usé d'insultes ou d'attaques personnelles. Azzeddine Bensouiah