La ville d'Akbou a renoué, hier matin, avec la protestation à la faveur d'une marche populaire initiée par le comité du printemps noir, représentant les différents acteurs de la société civile, dont des anciens délégués des archs, des parents de victimes et des blessés des douloureux évènements ayant endeuillé la région de Kabylie en 2001, auxquels se sont joints d'autres militants issus des partis politiques de l'opposition démocratique, notamment le RCD et le FFS. Dès la matinée, à partir de 9 heures, la place Ahcène-Berri, située en face du cinéma d'Akbou et qui constituait le point de départ de la manifestation, grouillait déjà de monde. Des jeunes et moins jeunes, portant des brassards noirs et brandissant des banderoles reprenant des slogans antivote et hostiles au pouvoir, continuaient d'affluer vers les lieux. Après avoir sillonné les principales artères de la ville, en parcourant les rues Si-El-Haouès, Ahmed-Graba et Larbi-Touati, la foule, estimée à plus d'un millier de personnes, regagnera la place du Colonel-Amirouche, où la manifestation se transformera en meeting populaire. Prenant la parole devant une assistance attentive, plusieurs intervenants se sont succédé pour fustiger le pouvoir et ses relais locaux, avant d'exhorter les citoyens de la région à boycotter le scrutin d'aujourd'hui. “Si nous sommes là aujourd'hui, c'est pour rappeler au pouvoir que notre région restera le bastion de la résistance et du combat démocratique dont les premiers jalons ont été jetés par les Abane, Krim, Amirouche, Ben M'hidi, Boudiaf, Matoub…”, lancera Zahir Benkhellat, l'une des figures emblématiques du mouvement citoyen d'Akbou. Dans son réquisitoire, l'orateur accusera les tenants du pouvoir de “faire dans la politique du chantage, en proposant un plan de relance spécial Kabylie contre un vote massif dans la région”. De leur côté, Saïd Salhi et Sofiane Adjlane, anciens délégués d'Akbou, ont tenu à “dénoncer les pratiques maffieuses du pouvoir, visant à domestiquer la Kabylie, allant jusqu'à soudoyer des gens avec l'argent du peuple”. À noter que les deux députés RCD, présents à cette manifestation, Tarek Mira et Ali Brahimi en l'occurrence, ont été également invités par les organisateurs à prendre la parole pour réitérer la position de leur parti, à savoir le rejet catégorique de cette consultation électorale. Les intervenants ont, tour à tour, appelé la population locale à boycotter ce rendez-vous électoral, qualifié d'“un énième coup d'Etat”.