Les familles des victimes se sont montrées plus que jamais unies et solidaires des archs. Profitant de la commémoration du 3e anniversaire de l'assassinat du jeune Fouad Adara, qui a eu lieu jeudi passé au village Tizi dans la commune de Tifra, les parents des martyrs et blessés de la wilaya de Béjaïa ont pris officiellement position par rapport à l'initiative de se constituer en association afin de se prendre en charge, décision prise récemment par d'autres parents de la région d'Akbou et d'Ouzellaguen. Présents en force à ce rendez-vous commémoratif, les parents de victimes des évènements du Printemps noir 2001, venus d'Akbou, Igrem, Ouzellaguen, Seddouk, Sidi Aïch et Adekar, étaient unanimes à rejeter l'idée de se doter d'un organisme à même de faire aboutir leurs revendications surtout lorsque celui-ci ne s'inscrit pas dans le cadre des structures du mouvement citoyen. «Nous ne sommes associés ni de près ni de loin à cette initiative qui n'engage que ses auteurs», affirmait Madjid Adara, père de Fouad, qui soutient en présence des autres parents, avec qui il venait de se concerter longuement, que «les parents de martyrs et blessés du Printemps noir n'ont aucunement l'intention de se désolidariser du mouvement citoyen, encore moins de créer une association. Fidèles nous étions, fidèles nous resterons!». «C'est notre seul espoir!» renchérit un autre parent d'Igrem, localité proche de la ville d'Akbou avant de préciser: «L'association, dont avait fait état la presse, reste dans l'imaginaire de quelques parents manipulés par un parti politique», dont le nom n'est pas cité malgré notre insistance. Même si l'idée de se constituer en association existe chez de nombreux parents présents hier à Tifra, il n'en demeure pas moins que celle-ci ne doit pas se dissocier du mouvement citoyen, rassure-t-on en substance. Voilà qui devrait mettre fin à une controverse qui s'est installée au sein des archs. «Une de trop!» affirme-t-on au moment où le mouvement a le plus besoin de sérénité et de calme. Interrogés sur la conjoncture fort délicate que traverse le mouvement des archs, nombreux étaient les parents à ne pas cacher leur inquiétude de lendemains incertains. «Mais ce n'est pas pour autant qu'on doit faire cavalier seul», soulignait un autre parent, qui soutient dur comme fer qu'«en dehors du mouvement, aucune autre partie ne bénéficie de notre confiance». Intraitables, les parents des victimes des évènements douloureux d'avril 2001 se sont montrés plus que jamais unis et solidaires du mouvement des archs. Cette union et cet acte de solidarité se sont véritablement concrétisés jeudi passé à Tifra. Jamais en effet, une commémoration n'avait réuni autant de parents. Il faut dire que la nouvelle ayant entouré le lancement de l'association à Akbou a induit un grand travail de sensibilisation entrepris par les délégués des archs qui redoutaient essentiellement que l'idée fasse des émules au risque de perdre un partenaire des plus inestimables. Rappelons à la fin que le jeune Fouad Adara a été assassiné le 26 juin 2001 à Sidi Aïch par un policier de Bouira. Ce dernier fut arrêté sur le coup et condamné, quelques mois plus tard, à la réclusion criminelle par le tribunal de Béjaïa. C'est d'ailleurs l'un des rares auteurs de crimes, durant les événements de Kabylie, à écoper d'une peine aussi sévère.