Dans les combats opposant les rebelles aux forces gouvernementales dans les faubourgs de la capitale Monrovia, près de trois cents civils ont été tués en deux jours seulement. Devant la gravité de la situation, le président américain George W. Bush demande à son homologue libérien de quitter le pouvoir pour éviter “un bain de sang”. Etat fondé au XIXe siècle par des esclaves affranchis venus des Etats-Unis d'Amérique, le Liberia, qui a connu une longue période de stabilité, vit des moments difficiles, particulièrement depuis la mort du président William Tolbert. L'instabilité a commencé depuis la prise de pouvoir par les militaires avec à leur tête le sergent-chef, devenu par la suite général major, Samuel Kenyan Doe durant les années 1980. Les choses ont atteint aujourd'hui un tel degré de gravité que la situation nécessite une intervention internationale. En effet, l'arrivée des rebelles aux abords de Monrovia depuis quelques jours rend la vie des civils très difficile. Alors que le ministre de la Défense affirmait que les rebelles avaient été repoussés par les soldats gouvernementaux à environ deux kilomètres du centre-ville, des batailles se déroulaient au niveau des deux ponts, juste à l'entrée de la ville. Selon le ministre libérien de la Santé, qui ne donne pas le nombre de militaires tués dans les camps des troupes régulières et des rebelles, on dénombre environ trois cents morts parmi les civils en deux jours de combats dans la capitale. Il y aurait également un millier de blessés. Les tirs de mortier et d'artillerie échangés par les deux forces en présence occasionnent des dégâts considérables à un pays déjà ravagé par la pauvreté et la misère. Les combats ont repris brusquement mardi, soit une semaine seulement après la signature d'un accord de cessez-le-feu entre les rebelles et le gouvernement le 17 juin dernier. La situation est très préoccupante à Monrovia où les populations fuient les quartiers touchés par les combats. Des milliers de personnes sont regroupés au stade Samuel-K-Doe, à l'est de la ville. Hier matin, une légère accalmie était constatée au centre de la capitale. Dans les rues de la ville, des centaines de personnes errent sans but, ne sachant plus où se réfugier. Charles Taylor, sous le coup d'un mandat d'arrêt international, lancé par un tribunal spécial sur la Sierra Leone pour crime contre l'humanité, refuse d'entendre raison et s'accroche au pouvoir. Face à ces conséquences dramatiques, le président américain George W. Bush, n'ignorant pas les liens historiques entre les deux pays, a lancé un appel pressant à son vis-à-vis libérien Charles Taylor afin qu'il quitte le pouvoir dans les meilleurs délais pour éviter “un bain de sang” à son pays. Jusqu'à hier, le chef de l'Etat libérien n'a pas daigné répondre au patron de la Maison-Blanche. Les informations faisant état d'un engagement de Charles Taylor à ne pas participer au prochain gouvernement libérien de transition n'ont pas été confirmées, d'où les risques d'une aggravation de la situation dans ce pays. K. A. Les rebelles annoncent un cessez-le-feu immédiat Le principal groupe rebelle libérien en lutte contre le président Charles Taylor, le LURD (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) a annoncé, hier, un cessez-le-feu immédiat pour éviter “une catastrophe humanitaire” à Monrovia, selon un communiqué de ce mouvement reçu à Abidjan.“Considérant l'engagement initial du LURD à respecter le cessez-le-feu (conclu le 17 juin au Ghana, ndlr) et à instaurer une paix durable au Liberia, le président national du LURD décrète un cessez-le-feu qui devrait prendre effet ce 27 juin à 10h00 gmt (…) pour permettre à la communauté internationale d'apporter l'assistance nécessaire aux populations civiles et par voie de conséquences d'éviter une catastrophe humanitaire à Monrovia et dans ses environs”, indique la déclaration du LURD. Le mouvement, qui tentait depuis mardi dernier de prendre la capitale, précise toutefois qu'il entend maintenir ses positions actuelles.