Avec un taux de participation pour l'ensemble de la wilaya estimé à 67,34%, le seuil souhaité par le Président a été atteint à Oran où avait plané un doute sur la mobilisation des électeurs. Un résultat qui, à partir de l'après-midi, a été pressenti puisque le taux de participation a fait un bon spectaculaire lors du compte rendu de 16 heures. En effet, si le matin la participation n'était que de 8,62%, à 13 heures elle ne dépassait pas les 19,38 % pour l'ensemble de la wilaya. Mais à 16 heures, un vrai bond en avant, le taux de participation passe aux alentours de 38,27 % et, enfin, 54,91 % à 18 heures. Pourtant, comme à El Hamri, le quartier populaire par excellence d'Oran, qui bat au rythme du Mouloudia et sur lequel les services de sécurité gardent toujours un œil attentif, la journée du jeudi s'est déroulée avec cette même apathie que les jours fériés ordinaires. Aux abords du centre de vote, situé à l'école Ouafi-Chadli, c'est une ribambelle de gosses qui tourne dans tous les sens, joue au ballon, se chamaille et exacerbe les agents de l'ordre qui épisodiquement les “chasseront”. Dans la cour, il n'y a pas grand monde, les salles sont quasi désertes. Les femmes, qui semblent plus nombreuses à venir voter, en profitent surtout pour faire la causette entre voisines restant un moment encore au soleil. Beaucoup d'entre elles expliquent que “la carte de vote, c'est pour le passeport !” À part de nombreux jeunes arborant les couleurs blanc et rouge, une cigarette à la main vous jettent un regard amusé lorsque l'on évoque leur choix “el visa kh'tie !” Dans les ruelles du quartier, fraîchement bitumées, les habitants font leur marché et vaquent à leurs occupations quotidiennes… Difficile d'évoquer une ambiance de vote et d'élection présidentielle quel que soit le quartier. En fait, ce quartier est un peu le pouls de la population oranaise en quête d'une vie meilleure et décente. Des émeutes s'y sont produites lors de la relégation du Mouloudia en seconde division ou après les intempéries ayant jeté à la rue des dizaines de familles réfugiées sous des tentes. Durant toute la campagne, le désintéressement des Oranais pour la chose était criant. Dans les foyers, la bataille se situait autour des acrobaties budgétaires des ménagères pour tenter de supporter la hausse vertigineuse des prix des légumes et des aliments de base. Est-ce un signe, même avec les chiffres officiels, si la commune d'Arzew a enregistré le taux de participation le plus faible de la wilaya, soit 60,34%. C'est là aussi où le chômage est l'un des plus forts et où les rassemblements de chômeurs ciblent les sièges de la Sonatrach. Un seul incident à signaler durant la journée de jeudi, le cas des nombreux électeurs, les relogés des Planteurs, qui n'ont pu voter dans leur nouveau quartier faute d'avoir trouvé leurs noms sur les listes qui avaient dû être assainies auparavant. Ce sont encore là des femmes qui ont réagi bruyamment fustigeant l'administration locale. Par ailleurs, et durant toute la journée, des électeurs ont été transportés par bus, notamment au niveau de certains douars isolés. Dans la majorité des centres de vote d'Oran, seuls les partisans de Bouteflika étaient présents pour surveiller le déroulement des opérations, et à un moindre degré ceux de Louisa Hanoune. Hier, les représentants des autres candidats au niveau d'Oran étaient difficilement joignables. Le faux suspens autour de ce scrutin a ainsi pris fin avec un taux de participation qui se devait d'être acceptable. DJAMILA L.