L'affluence des grands jours était absente pour ce rendez-vous électoral à Annaba. Et pour la première fois, on assiste à une totale indifférence chez les électeurs qui donnaient l'impression de bouder carrément les urnes. En effet, la tendance à la désertion des urnes a touché plusieurs bureaux et centres de vote. Ainsi, les 656 centres et bureaux de vote où se déroulait le scrutin, réservés aux 217 017 électeurs inscrits, dont 177 471 femmes, n'ont pas connu la bousculade escomptée, et ce, malgré la large campagne engagée pour la circonstance par les différents candidats en lice, 21 jours durant. L'ambiance électorale était nulle, et le jour du scrutin donne l'allure plutôt d'un vendredi après-midi où généralement le mouvement des personnes se faisait rare, malgré le fait que la journée fût belle et ensoleillée. Beaucoup de citoyens annabis qui ont préféré ne pas allait voter, notamment des cadres d'entreprise, ont affirmé que “cette décision n'a rien à voir avec les appels au boycott lancés par les islamistes, lesquels ont saisi seulement l'occasion, car ils savaient pertinemment que beaucoup de citoyens n'allaient pas voter pour différentes raisons sociales (chômage, logement, pouvoir d'achat)”. Ils estiment tout simplement que “le pouvoir a tué les sentiments de patriotisme, de nationalisme et de civisme”. D'autres ont justifié leur non-participation par le fait que les décisions des élus n'ont pas de poids devant les walis, véritables gouverneurs depuis que l'Algérie est indépendante. “Tant que l'administration prime sur les élus, à quoi bon voter et à quoi servent des présidents d'APC et d'APW, dont les prérogatives sont très limitées, voire inexistantes, et ne peuvent de ce fait apporter les solutions aux problèmes qui se posent à leurs concitoyens ?” La participation de la gent féminine qui se faisait à chaque occasion similaire dans l'après-midi n'a pas eu lieu. D'ailleurs, à 13h, la participation à l'échelle de la wilaya n'a pas atteint les 16%, estimée l'une des plus faibles au plan national. À une heure de la fin de l'opération de vote, l'ensemble des candidats en lice était très déçu du faible taux de participation. Il a fallu attendre l'heure supplémentaire accordée à la wilaya par le ministère de l'Intérieur pour que tout se joue… sur PV. D'ailleurs, les candidats étaient les premiers surpris par le taux de 40,18% de participation avancé à la Coupole aux environs de minuit. Ainsi, le Front de libération nationale a remporté haut la main dix communes sur les douze de la wilaya de Annaba. Seraïdi et Chetaïbi étaient les deux seules APC qui ont échappé au vieux parti au profit du RND et d'une liste indépendante. En ce qui concerne l'APW, le FLN s'est adjugé 15 sièges sur les 39, suivi du RND et du FNA avec respectivement 7 et 4 sièges. La seule réserve signalée lors de ces élections locales émane du Hamas et de certains candidats indépendants qui n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour accuser la radio locale qui, à ses yeux, aurait “influencé les citoyens à voter pour le vieux parti”. B. BADIS