L'euphorie des adeptes du troisième mandat, qui ont célébré la victoire du président Bouteflika, n'aura duré que le temps d'un week-end puisque, au lendemain de son plébiscite, le gouvernement doit faire face à une nouvelle grève du secteur de la santé publique. Après avoir suspendu leur mouvement durant la campagne présidentielle, les syndicats autonomes ont repris hier le chemin de la protestation. C'est le Syndicat national des professeurs et docents des sciences médicales (SNPDSM) qui a ouvert “la saga” des grèves avec un débrayage de trois jours par semaine. Au-delà du boycott des cours dans les facultés de sciences médicales, qui dure depuis longtemps, la plupart des hôpitaux ont adhéré à l'appel à la grève des soins du SNPDSM. De l'hôpital Mustapha-Pacha à Ben Aknoun, en passant par le secteur sanitaire de Kouba, les praticiens ont répondu favorablement au mot d'ordre. Hier, ils étaient présents sur leurs lieux de travail mais aucune consultation ni exploration médicale n'ont été faites. Tout était à l'arrêt quoique le service minimum et les urgences sont assurés durant ces trois jours. Les syndicalistes, rencontrés sur leur lieu de travail, se disent satisfaits du taux d'adhésion des praticiens qui ont pu paralyser plusieurs hôpitaux à travers le territoire national. Très critique vis-à-vis de la campagne électorale, ils regrettent que leur mouvement de protestation ainsi que le problème du syndicalisme n'aient été soulevés par aucun candidat à la magistrature suprême. “Tous les sujets ont été abordés durant la campagne électorale, à part celui du mouvement de protestation ainsi que des libertés syndicales qui touchent plusieurs secteurs de la Fonction publique depuis des années”, a déclaré le Dr Kahli de l'hôpital Mustapha-Pacha. Tout en signalant que leur mouvement de protestation ne date pas d'aujourd'hui, les syndicalistes déclarent qu'il est temps de trouver des solutions réelles au problème des praticiens de la santé publique et de concrétiser les promesses faites par le gouvernement, d'autant plus qu'il sera probablement reconduit. “Nous sommes décidés à continuer notre protestation, jusqu'à la satisfaction de nos revendications. Peut être que la période des deux mandats précédents ne s'y prêtait pas, mais on ne peut nier notre mouvement. La concrétisation de nos revendications est devenue incontournable”, a indiqué le Pr Djidjelli, porte-parle du SNPDSM. Par ailleurs, la grève des professeurs et docents des sciences médicales sera suivie par celle des psychologues, prévue les 18, 19 et 20 avril prochains. Pour rappel, les revendications du secteur de la santé se résument à l'amélioration des conditions socioprofessionnelles, l'augmentation des salaires et la liberté de l'exercice syndical. Ces doléances ne sont pas exclusives à ce secteur, elles sont partagées par la majorité des fonctionnaires, notamment ceux de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieurs, de l'administration…