Les secteurs de l'enseignement, de la santé et des chemins de fer traversent une période de turbulences. Des menaces sur la continuité du service public proviennent des syndicats des travailleurs qui veulent opérer des débrayages dans les domaines de la santé et des transports ferroviaires. En effet, la section santé du Syndicat national des personnels de l'administration publique perd patience après l'échec de ses multiples demandes d'audience auprès du ministre de la Santé, Saïd Barkat. La mi-novembre prochain est désignée comme date probable du début du mouvement de protestation des fonctionnaires. Il appartient au conseil national qui se tiendra le 26 octobre de se prononcer définitivement sur cette action. Manque de concertation avec la tutelle et non-publication du statut particulier des travailleurs du secteur sont les principaux points qui ont suscité le mécontentement du syndicat. Les cheminots, de leur côté, n'écartent pas l'éventualité de cesser le travail dans quelques jours si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Les travailleurs veulent une application immédiate de la nouvelle grille des salaires et une nouvelle étude du régime des indemnités. Le syndicat affilié à l'Ugta a déjà saisi la Centrale sur ces questions afin de tenter de faire bouger les choses. Un conflit syndical devrait aussi être réglé puisque les travailleurs accusent le secrétaire général de la Fédération de ne pas se soucier de leurs problèmes. Les réunions sont suspendues depuis trois ans. Un mouvement de protestation a même été organisé pour dénoncer cette situation. Les travailleurs acceptent de patienter pendant deux semaines supplémentaires avant d'engager un mouvement de grève qui est loin d'être le premier dans les annales de la Sntf. Si les perturbations des secteurs de la santé et des transports ne sont pas d'effet immédiat, les lycéens, par contre, n'ont pas vécu une semaine normale. Ce ne sont pas les enseignants qui ont décidé de rendre le tablier mais plutôt les élèves. Ces derniers ne sont pas du tout contents de l'application du nouveau week-end qui a généré un nouveau mode d'enseignement, notamment en ce qui concerne la programmation. Les lycéens trouvent que les programmes sont trop chargés et ils l'ont fait savoir en boycottant l'école dans plusieurs villes du pays. Il y a deux ans, les lycées étaient également bloqués suite à une grève de ces mêmes structures après l'appel lancé par le CLA. Aussi, chaque jour que Dieu fait, des foyers de tension sont signalés à travers le pays plaçant ainsi le gouvernement face à ce qu'il convient d'appeler «la poudrière sociale». On constate que les mêmes secteurs affichent régulièrement leur mécontentement depuis plusieurs années. Les mêmes revendications sont aussi exprimées. Elles sont souvent d'ordre pécuniaire, même si les conditions de travail sont régulièrement évoquées parmi les raisons de cette levée de boucliers. De grève générale, point donc. Cette dispersion affaiblit considérablement le mouvement ouvrier. Comme si cela ne suffisait pas, il y avait également le Pacte économique et social qui a poussé l'Ugta à renoncer pendant trois ans à tout mouvement de protestation. Après les rémunérations et les conditions de travail, viennent les difficiles relations avec la tutelle. Les mêmes ministres sont confrontés pendant des années à des mouvements de protestation et à des vagues de revendications sans pouvoir stabiliser des secteurs entiers d'activité. Si les syndicats ne ratent aucune opportunité pour tenter d'arracher des acquis supplémentaires, l'administration se trouve quelquefois en panne d'imagination, l'empêchant de proposer des pistes pour parvenir à calmer le front social. Il reste tout de même le rituel de la tripartite qui va tenter encore une fois et ce, avant la fin de cette année, de mettre sur la table des négociations entre l'Ugta, le patronat et le gouvernement certains dossiers relatifs au front social, dont le Snmg. La grève étant un moyen de pression pour faire admettre les revendications à ce sujet. Toutefois, le fait que les syndicats des travailleurs et des patrons ne soient pas associés à des discussions préalables sur les dossiers autres que celui des salaires, démontre que le gouvernement se prive de tout moyen de prévenir les conflits sociaux. Pourtant, des échéances importantes se profilent à l'horizon comme le Code du travail.