Le projet de révision constitutionnelle et la perspective d'un troisième mandat de Bouteflika semblent avoir amorcé la ligne droite avec les déclarations qui se sont multipliées ces derniers jours sur le sujet et émanant à la fois des présidents de l'Apn et du Sénat, MM. Ziari et Bensalah, ainsi que du chef du gouvernement, M. Belkhadem. Le président de l'Apn est revenu à la charge ce week-end en révélant sur les ondes de la Chaîne II le calendrier électoral et quasiment la date à laquelle le président de la République devrait faire l'annonce officielle de la révision constitutionnelle et son enrôlement par le Parlement qui interviendra de l'aveu de M. Ziari dans le courant du mois de mars prochain. Une autre idée – décision ? – est en train également de faire son chemin dans le sillage de la campagne pour la révision constitutionnelle et pour un troisième mandat de Bouteflika qui a pris une dimension politique nouvelle avec l'entrée en scène des institutions du pays – l'Apn et le Sénat. Il s'agit du choix du mode d'adoption du projet de révision constitutionnelle. Le Parlement, par la voix de son président, a exprimé le « souhait » ardent de voir le dossier aboutir sur le bureau de l'Apn. L'offensive pour faire examiner et adopter le projet par le Parlement au lieu et place d'un référendum ira sans doute crescendo jusqu'à la concrétisation de cet objectif tracé, on s'en doute, en dehors de l'Assemblée. Des voix – rares – au sein de la classe politique se sont déjà exprimées sur cette question pour dénoncer le « coup de force » politique qui se prépare. C'est, entre autres, l'idée défendue ce week-end par le président du Fna (Front national algérien), Moussa Touati, qui a plaidé la thèse selon laquelle le recours au référendum populaire est la voie la plus démocratique pour se prononcer sur le projet de révision constitutionnelle. Pour lui, le Parlement actuel est « illégitime » pour adopter ce projet. Pour l'heure, il n'y a encore rien d'officiel dans la mesure où le premier et le dernier mot reviennent au président de la République en vertu de ses prérogatives constitutionnelles de choisir le tissu et le tailleur à qui il devrait confier la confection du nouvel habit constitutionnel pour l'Algérie. Mais on sait qu'il n'y a jamais de fumée sans feu. On imagine mal, en effet, des personnalités en charge d'institutions-clés du pays comme le Parlement prendre des libertés pour s'exprimer sur un dossier aussi sensible sans avoir la couverture politique à un très haut niveau du pouvoir. Par le passé, le président Bouteflika avait préféré, sur un autre dossier politique sujet à controverse et portant sur la réconciliation nationale, le recours au référendum populaire plutôt que le vote du Parlement pour conforter sa légitimité à travers un plébiscite populaire. Cette fois-ci Bouteflika ne semble pas vouloir renouveler ce pari (risqué) si l'on comprend bien les déclarations faites ça et là par des personnalités proches du cercle présidentiel. Pour certains observateurs les motivations d'un tel choix sont claires. Fort instruit des résultats peu réjouissants de la participation aux dernières élections où le taux d'abstention avait enregistré des niveaux records jamais atteints, Bouteflika préfère jouer la carte de la prudence et remettre, par conséquent, son destin entre les mains du Parlement qui lui est majoritairement acquis et dont il est assuré de la fidélité. La fièvre de la quête du plébiscite populaire semble avoir fait son temps. Le président Bouteflika qui affectionne et multipliait les bains de foule pour faire inlassablement la démonstration de sa popularité et de sa légitimité jusqu'à l'épisode noir de l'attentat de Batna qui avait ciblé le cortège présidentiel, doute-t-il désormais de la confiance populaire et considère-t-il qu'il n'a pas ou plus tous les atouts en main pour se risquer à soumettre le projet de révision constitutionnelle à référendum ?