Faisant une fixation sur la question du nucléaire iranien, le nouveau chef du gouvernement israélien maintient la pression sur le régime de Téhéran en menaçant à chaque fois de bombarder les installations nucléaires de ce pays, malgré l'opposition jusque-là de l'Administration américaine. Se référant à des sources israéliennes, le quotidien britannique The Times a affirmé dans son édition d'hier que l'armée israélienne se tient prête à lancer des frappes aériennes de grande ampleur sur les installations nucléaires iraniennes au cas où le nouveau gouvernement lui en donnerait l'ordre. Un important responsable du ministère israélien de la défense a déclaré au tabloïd londonien qu' “Israël veut être sûre que si son armée recevait le feu vert, elle pourrait frapper l'Iran en quelques jours, ou même heures. Elle se prépare sur tous les niveaux à cette éventualité. Le message à l'Iran est que la menace n'est pas seulement verbale”. Ainsi, Israël veut montrer que ses menaces sont loin d'être des paroles en l'air, comme l'indique cette déclaration d'un autre responsable du renseignement israélien : “Nous ne proférerions pas de menace (envers l'Iran) sans avoir les moyens de les réaliser. Il y a eu récemment un progrès, plusieurs opérations de préparation, qui indiquent une volonté de la part d'Israël d'agir.” Pour être en mesure d'atteindre cet objectif, l'Etat hébreu a décidé de préparer l'opération à travers l'acquisition de trois avions radar Awacs. Il envisage également des exercices à l'échelle nationale pour préparer la population à d'éventuelles représailles. Par ailleurs, les chargés de ce dossier ont élaboré un dossier minutieux, qui fait état qu'une douzaine de cibles devraient être visées en Iran, dont des convois mobiles. Il s'agit des sites de Natanz dans l'est, où plusieurs milliers de centrifugeuses enrichissent de l'uranium, Ispahan dans le centre où des tunnels abritent 250 tonnes de gaz et Arak, également dans l'est, où l'Iran construit un réacteur à eau lourde. Ceci étant, les analystes estiment peu probable qu'Israël lance des frappes sans recevoir au moins un accord tacite de l'Administration américaine, qui vient d'adopter un ton plus conciliant envers Téhéran. D'ailleurs, cette dernière a adopté hier un profil bas pour la fête annuelle de ses forces armées, alors que la nouvelle Administration américaine a multiplié les appels au dialogue avec Téhéran, et malgré les menaces de responsables israéliens contre son programme nucléaire. En effet, à l'ouverture du traditionnel défilé militaire au sud de la capitale, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s'est signalé, contrairement à son habitude, par un discours remarquablement court et modéré, en présentant la nation iranienne comme étant “idéaliste et soutenant la paix et la sécurité” pour tous les pays. Il n'a pas eu un mot pour les grandes puissances dont il assurait l'an dernier, pour la même occasion, qu'elles s'étaient “enlisées” grâce à la “résistance du peuple iranien”. Ahmadinejad a présenté les forces armées comme “le garant de la sécurité dans la région”, avant d'assurer que la nation iranienne était “prête à une large participation à la gestion du monde et à l'établissement de la sécurité fondée sur la justice en différents endroits de la planète”. Voilà un changement de ton radical, qui s'accorde avec celui de l'Administration du président Barack Obama. Merzak Tigrine