Par respect aux règles protocolaires et conventionnelles, le président de la République a consacré vingt minutes, de la cérémonie de son investiture à la tête de l'Etat pour la troisième fois, à un discours à la nation. Il a commencé par remercier les électeurs de lui avoir donné leurs voix puis à juger son nouveau mandat difficile, eu égard à l'actualité politique et économique nationale et internationale. “… Nous vivons dans un monde en crise, menacé de toutes parts aussi bien par les modifications climatiques que par les pénuries prévisibles des ressources alimentaires, mais aussi par la profonde crise financière qui affecte l'économie mondiale, et qui nous touche également au même titre qu'elle touche l'ensemble des pays du Tiers-Monde.” Il s'est lancé, ensuite, dans de grandes promesses en matière de solidarité nationale en faveur des catégories vulnérables, le logement, l'accès à l'eau, aux réseaux d'assainissement, à l'énergie, aux infrastructures sanitaires… Il a assuré que la crise économique internationale ne compromettra pas l'exécution des programmes de développement social et économique, “grâce aux orientations de notre politique financière. Ces orientations ont permis, en particulier, notre désendettement extérieur et la constitution de réserves destinées à faire face aux aléas des marchés pétroliers.” Se montrant quelque peu réaliste, il a affirmé que l'Etat se prépare à la perspective de l'épuisement des ressources pétrolières, en adaptant le cadre de fonctionnement de l'économie aux nouvelles réalités, à étendre et à moderniser nos infrastructures économiques, à assainir nos institutions financières et à engager le processus de leur modernisation, à redéfinir le périmètre du secteur public économique et à rationaliser son organisation. Le point nodal du discours du chef de l'Etat se matérialise par sa détermination “à poursuivre et à approfondir la démarche de réconciliation nationale”. Il a souligné que la démarche “devra, dans l'avenir, contribuer essentiellement à raffermir la cohésion sociale et à garantir la pérennité de l'unité nationale”. L'opinion publique attend de connaître les projets du président élu pour la réconciliation nationale, déjà mise en œuvre en deux actes. Quelques mois à peine après l'entame de son premier mandat en 1999, il a initié la loi portant rétablissement de la concorde civile. En 2005, une année après sa réélection à la magistrature suprême, il a soumis à l'approbation du peuple sa Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Sur un autre chapitre, il s'est engagé à créer, au cours des cinq prochaines années, trois millions d'emplois. “Je veillerai avec constance à ce que tous les moyens de l'action publique soient pleinement tendus vers la réalisation de cet objectif qui permettra l'insertion professionnelle de la très grande majorité de nos jeunes et le dégagement de perspectives concrètes pour tous.” Il a, par ailleurs, jugé “important de poursuivre et d'intensifier la lutte contre les pratiques du favoritisme et les passe-droit, sources de frustration et de découragement, et contre la corruption dont les effets contribuent à saper gravement le sens et le goût de l'effort”. À ce titre, il a invité la presse nationale à participer à cette campagne. Il lui a garanti, en parallèle, de respecter pleinement sa liberté de ton et de “faciliter davantage encore, et à tous égards, l'exercice et le développement de la profession”. S. H.