Des commissions d'enquête, les Algériens en ont vu bien d'autres, tellement nombreuses qu'il ne se trouve plus grand monde à y croire. À Berriane, une ville cycliquement livrée à la violence et aux destructions, on s'apprête à tester l'antidote classique qui consiste à mettre en place une commission d'enquête. Il en était temps, diraient peut-être ceux qui ont vu rouge lorsque, lors de la dernière campagne électorale, les pouvoirs publics ont cru régler la question en faisant signer, en bas d'un document portant “pacte de paix”, les représentants supposés des communautés en conflit. Il en était temps ? Oui, mais… Car des commissions d'enquête, les Algériens en ont vu bien d'autres, tellement nombreuses qu'il ne se trouve plus grand monde à y croire. La majorité de nos concitoyens qui ont gardé un semblant de rapport à la vie politique nationale n'hésite pas, au contraire, à qualifier ce genre de commissions d'“étouffoirs d'affaires”. Cette commission d'enquête sur les violences à Berriane fera-t-elle l'exception ? S'il ne faut jurer de rien, une condition au moins est indispensable à satisfaire pour ce faire : que les pouvoirs publics, au niveau local comme en haut lieu, acceptent de se voir accablés, le cas échéant, par les conclusions des investigations. Ce qui suppose, déjà, une indépendance réelle de la structure chargée d'enquêter ainsi que la probité à toute épreuve dont doit jouir chacun de ses membres. Ce qui implique, aussi, une enquête sans complaisance qui tienne compte de tous les témoignages, quelles que soient les parties qu'ils incriminent. À charge, ensuite, pour la justice de se saisir du dossier de l'affaire et de lui donner les suites qui conviennent, comme le dicte la loi, dans la transparence et en toute indépendance. Tout un programme, en somme. Tracer un programme est une chose, le mettre en œuvre en est une autre. Et les sceptiques sont fondés à ne pas y croire, l'expérience les ayant souvent instruits quant aux barricades qui, trop souvent, se dressent sur le chemin du droit. À charge donc pour cette commission d'enquête et pour ceux qui l'ont mise en place de prouver que les sceptiques ont tort. S. C.