Le leader du RCD accuse les autorités locales de Chlef et de Berriane d'« avoir différé l'intervention des services de sécurité jusqu'à provoquer le maximum de dégâts ». Selon Sadi, à Chlef comme à Berriane, les événements révèlent « dans le sang un asservissement de l'administration par le tribalisme et leur prolongement maffieux ». Pour le leader du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Dr Saïd Sadi, il ne fait pas l'ombre d'un doute : les événements de Berriane qui ont fait deux morts sont loin de relever d'une opposition de communautés, comme on voudrait le faire croire. « Les anciennes rancœurs sont instrumentalisées pour masquer un plan diabolique de règlement de compte politique », accuse-t-il devant un parterre de journalistes conviés à son siège national. De fil en aiguille, Saïd Sadi s'est employé à tisser la trame d'un « plan » monté, à coups de faits, de fautes, de démissions, voire de provocations, ayant abouti à l'effusion du sang et à « un basculement inédit dans la gestion népotique de l'Etat ». Saïd Sadi dit ne pas comprendre comment des autorités « averties d'une situation potentiellement dangereuse ont laissé se produire de tels déchaînements de violence ». Pis encore, il les accuse d'avoir retardé à chaque fois l'intervention des forces de sécurité « jusqu'à ce que le pire advienne ». Le chef du RCD ne comprend pas non plus que les renseignements généraux n'aient pas anticipé des troubles « dans un pays où les moindres faits et gestes sont repérés et signalés ». Et de se demander pourquoi a-t-on refusé la constitution d'une commission d'enquête « exigée par les deux communautés » pour faire la lumière sur ces événements. Pour Saïd Sadi, l'Etat a failli à son devoir d'information vis-à-vis de l'opinion nationale sur les tenants et les aboutissants de cette crise. Comment ? Il note que les militants de son parti, aidés par des « citoyens neutres et crédibles », ont pu, en trois semaines, identifier des auteurs et des facteurs en relation directe avec les crimes commis, alors que l'Etat avec sa logistique « n'a ni éclairé la crise ni prévenu son aggravation ». Le chef du RCD croit ainsi déceler une « dérive administrative inconnue jusque-là dans le service public algérien ». Ce constat vaut, d'après lui, aussi bien pour les événements de Berriane que pour ceux de Chlef. Il note en effet que dans les deux villes, les responsables locaux – comprendre les deux walis « qui sont du même clan politique » – « ont différé l'intervention des services de sécurité jusqu'à provoquer le maximum de dégâts ». Saïd Sadi suggère même que ces événements tragiques aient été fomentés pour punir le RCD qui détient la majorité dans les APC des deux villes. « Sachez que les responsables locaux refusent toute composition avec les élus du RCD. D'ailleurs, le P/APC RCD de Berriane a vainement tenté de sensibiliser le wali de Ghardaïa et le chef de daïra, qui n'ont pas voulu le recevoir », révèle Saïd Sadi, précisant que les élus de son parti sont estampillés « étrangers ». Encore un gendarme Et de dénoncer le laxisme des autorités locales coupables d'avoir introduit dans la ville de Berriane, des étrangers – des vrais cette fois – cagoulés et qui ont « agi en toute impunité ». Saïd Sadi n'a pas hésité à montrer du doigt l'instigateur de l'affaire Berriane. Il s'agit, d'après lui, d'un ancien gendarme radié par son corps d'origine dans les années sanglantes « pour complicité avec le FIS qui a été récupéré par le chef de daïra de Berriane en qualité d'expert chargé de la sécurité ». Le leader du RCD dresse un portrait sulfureux de ce responsable : « Gestionnaire occulte dans diverses affaires, il se répand en menaces et appels à la désobéissance contre les nouveaux élus dès qu'il a constaté leur volonté d'ouvrir nombre de dossiers où il était impliqué. » Résultat des comptes : à Chlef comme à Berriane, les événements, selon Saïd Sadi, révèlent « dans le sang un asservissement de l'administration par le tribalisme et leur prolongement maffieux ». Et les autorités du pays sont d'autant plus coupables à ses yeux que c'est la deuxième explosion à Berriane en moins de deux mois. « Pourquoi le chef de l'Etat ne s'est-il pas exprimé ? Dans d'autres pays, le chef de l'Etat intervient sur-le-champ dans des situations moins tragiques, des ministres démissionnent pour moins que cela et des sanctions tombent avant que le pire n'arrive », tonne Saïd Sadi. Et d'accuser les autorités de non-assistance à population en danger puisque « des centaines de familles » ayant abandonné leurs maisons dorment « en pleine nature… et qu'aucune structure de l'Etat ne s'est manifestée pour leur prêter assistance et les protéger ». Mais pour Saïd Sadi, cela a un sens : la punition. Mais le pouvoir est-il à ce point suicidaire pour se payer des événements aussi dangereux à la veille d'une élection présidentielle ? « Un climat politique délétère annexe est propice à toutes les fraudes », réplique le Dr Sadi. Désillusionné, il compte tout de même constituer une commission d'enquête parlementaire sur les événements de Berriane. Faut-il encore « draguer » un autre député pour rassembler les 20 élus nécessaires pour faire la proposition à l'auguste mais néanmoins autiste APN ?