Des sources proches du CHUO nous ont fait part de la venue à Oran, dans les prochaines 48 heures, d'experts de l'OMS et de l'Institut Pasteur de Paris. Ces derniers, sollicités par les Algériens, devraient prêter main forte à leurs homologues pour déterminer les causes des cas de peste bubonique qui se sont déclarés depuis le 19 juin dans la région — 12 cas — et tenter de découvrir les raisons du réveil de ce foyer de peste à Kehaïlia. En effet, l'OMS considère la peste comme une infection réémergente, ces dernières années, avec un taux de létalité de 70%. Sur place, à Kehaïlia, et depuis la levée de la quarantaine mercredi dernier, la situation sanitaire semble maîtrisée avec la désinfection totale des lieux. Plus aucun cas de peste n'est recensé au douar même. Mais l'inquiétude persiste parmi la population, car les deux derniers cas isolés de peste ayant été confirmés sont venus de deux localités distantes de quelques kilomètres de Kehaïlia. Jeudi dernier, un homme, âgé de 55 ans, maçon de son état et résidant dans la localité de Hamou-Ali (Tafraoui), a été hospitalisé au service infectieux. Cette localité est pourtant, contrairement à Kehaïlia, l'une des rares où la collecte des ordures ménagères est assurée. Du point de vue de l'hygiène publique, la situation n'y serait pas aussi désastreuse que celle du douar. L'autre cas isolé qui remonte à la semaine dernière, est celui d'un berger de 27 ans travaillant à El-Qsar, situé entre Zahana et Tafraoui. Compte tenu des informations dont nous disposons, les autorités font tout pour imposer un black-out, et tout porte à croire que la zone infectée serait bien plus étendue que ce qu'affirment ces mêmes autorités. Ce serait tout le territoire de la commune de Tafraoui, qui compte plusieurs localités et hameaux, qui serait infecté et porteur de la peste. Ce qui sous-entend que les mesures de prévention en direction des populations et de désinfection et dératisation devront impérativement s'étendre à tous les douars de la commune de Tafraoui, y compris les wilayas limitrophes à Oran, telles que Mascara et Sidi Bel Abbès. Et ce n'est probablement pas, comme l'a fait mercredi dernier le wali d'Oran, en jetant à la figure des citoyens des propos méprisants ajoutant que l'Etat avait dû débourser beaucoup d'argent pour cette opération et qu'ils n'avaient qu'“à ramasser eux-mêmes leurs ordures !”, que la situation sanitaire sera mieux maîtrisée. F. B.