Résumé : Je venais de découvrir et à ma grande surprise que Hacène connaissait ma famille. Je n'étais pas à vrai dire une étrangère pour lui. Mais je ne pouvais toujours pas donner suite à sa proposition... 8iéme partie Je buvais mon thé à petites gorgées, et la chaleur du breuvage m'aida à camoufler ma rougeur. Je sentais que la vie était belle. Mais je prenais un plaisir exquis à faire languir mon prétendant. Tu ne veux pas attendre encore un peu ? Pourquoi attendre ? Je veux qu'on ait le temps de se connaître. On a toute la vie pour ça. Et puis, que veux-tu connaître de moi ? Tout. Eh bien, tu vois, ce sera très long pour tout te raconter sur moi, cela prendra une trentaine d'années au moins. Tu ne veux quand même pas attendre aussi longtemps pour me donner une réponse. Je riais. J'étais heureuse et détendue. Hacène était quelqu'un de bien. Son éducation était parfaite. Si mon père a fait appel à lui pour régler les problèmes de la plantation et si mon grand-père l'a apprécié et écouté ses conseils, c'est que l'homme était parfait. Je connaissais les exigences de ma famille quant au sérieux de ses collaborateurs, et je savais qu'on ne pouvait pas souvent se tromper sur leur jugement. Je rejetais la tête en arrière en un geste détaché puis je lançais : Je te donnerais ma réponse quand j'en saurais assez sur toi. Pas avant. Je peux tout de suite te répondre. Si ça ne tient qu'à cela, les choses redeviennent très simples. Hum… vas y, je t'écoute. Hacène se lance dans une longue dissertation sur sa vie. Il était le fils unique de ses parents. Son père déjà retraité était un ancien comptable dans une administration et sa mère, tout comme la mienne, femme au foyer. Hacène était leur fierté. Ils ont trimé pour l'élever et lui payer des études. J'ai déjà 35 ans passés Mina… Ma mère dans ses prières demande à Dieu de lui accorder assez de temps sur cette terre pour me voir marié et père de famille. Mon père, qui se fait vieux, ne cesse d'ailleurs de me harceler pour ça. Pourquoi n'as-tu jamais songé à te marier alors ? Lançais-je espiègle. Eh bien, parce que je ne t'avais pas encore rencontrée ! Et maintenant, tu es sûr d'avoir rencontré la compagne de ta vie. Hacène me prit les deux mains et les serra dans les siennes Je n'ai jamais été aussi sûr de moi Mina… Des larmes brillaient dans ses yeux. Je ressentais l'amour de cet homme jusqu'au fin fond de mon être. Et je sentis aussi un profond sentiment envers lui. Notre mariage eut lieu six mois plus tard. Mon grand-père vu son âge n'avait pu se déplacer en ville pour y assister. Mais toute ma grande famille, grands et petits, était là. Mon père voulait que ce mariage soit le plus beau et le plus grand de l'année. Il avait convié des cousins éloignés perdus de vue depuis des décennies. Des anciens voisins du bled, des employés dans nos champs et même nos anciennes femmes d'entretien. Chacun a eu sa part de joie et d'allégresse. J'étais heureuse mais un peu triste parce que mon grand-père n‘y assistait pas. Il avait chargé ma grand-mère Zahra, qui m'avait offerte tous ses anciens bijoux, de me remettre les clefs d'un véhicule flambant neuf. C'était son cadeau à lui qui pourtant n'aimait guerre se déplacer dans ces “engins” comme il les appelait, sauf pour voyager. J'en pleurais. Mon grand-père avait tant fait pour moi. Pour nous tous. De son premier enfant, au dernier de ses petits-enfants, il n'avait omis personne. À Chaque fois que cela s'est avéré nécessaire, il avait tendu une main protectrice à chacun de nous. Ses sept femmes le vénéraient, nous l'aimions tous comme nous étions d'un amour profond. Il était craint et respecté, et heureux étaient ceux qui ont gagné son estime. Y. H.