Résumé : Hacène est enfin hors de danger! Un vrai miracle si j'en juge par l'accident qu'il venait d'avoir. Les médecins sont optimistes quant à son état général. J'étais soulagée, et lui bien plus. 49eme partie Quelques jours passèrent. Hacène reprenait des forces et pouvait maintenant se lever de son lit, et marcher avec des béquilles. Après une première intervention réussie, j'ai pu le faire sortir de l'hôpital, et par la suite, le reconduire pour ses contrôles. Il était plus serein et plus calme, et son accident n'était plus qu'un mauvais souvenir. Je repris mon train- train quotidien. Entre mes malades, mes enfants, et mon foyer, j'arrivais à peine à trouver le temps de souffler.. Je menais une vie assez mouvementée, mais paisible. Hacène me taquinait sur mes longues absences de la maison. J'étais souvent retenue ces derniers temps par mes multiples déplacements et mes séminaires. Je lui laissais d'ailleurs le soin de s'occuper des enfants et de gérer quelques affaires familiales sans grande importance. Aussi paresseux qu'il était devenu depuis son accident, je ne pouvais lui demander davantage. Mes parents de leur côté, affichaient le grand calme. Ma mère se rendait souvent à la ferme pour s'occuper de ma grand-mère Zahra, qui allait sur ses 90 ans, et qui était malade. J'appréhendais déjà le jour de son départ. Ma grand-mère Zahra, à l'instar de mon grand-père, était l'une des figures principales de mon enfance et de mon existence. Je l'aimais beaucoup, et je n'imaginais pas la ferme sans elle. Cela devenait intolérable. Hacène qui s'inquiétait autant que moi, me propose d'aller la voir. - Mais tu n'es pas encore complètement rétabli. Protestais-je. - Bof. Mes côtes ne me font plus autant mal qu'au début, et je pense qu'à l'aide d'une béquille je peux traîner mes pieds. - Tu vas pouvoir supporter le voyage ….. ? - Je pense que oui. Mais je préfère faire appel à mon chauffeur pour nous accompagner. Tu n'as pas le moral pour conduire sur une aussi longue distance Mina. C'était vrai. J'étais perturbée. Si ma grand-mère venait à disparaître, la ferme me paraîtra bien triste. Et malgré tout le grand monde qui y vivait, je ne vais plus retrouver la chaleur de ces lieux qui m'ont vue naître. Nous nous rendons donc à la ferme en fin de semaine. Je retrouvais ma mère au chevet de ma grand-mère Zahra, qui ne se levait plus de son lit depuis quelque temps déjà. Elle était heureuse de nous voir moi et mon mari, et cela lui fit le plus grand bien. Je l'examinais avec soin, essayant de détecter une quelconque anomalie physique dans son organisme. Hélas, il n' y avait rien qu'on pouvait entreprendre pour elle. Le temps avait fait son œuvre. Malgré sa robustesse, ma grand-mère allait s'éteindre comme une chandelle. Toutefois, elle avait gardé toute sa raison et une bonne mémoire. Elle me parla donc des beaux jours de la ferme, des fêtes d'autrefois dans la grande maison, de sa vie auprès de mon grand-père qui l'aimait beaucoup, et qu'elle avait toujours craint et respecté. - De nos jours, ce n'est plus la même mentalité. Nous les femmes d'autrefois, étions plus soumises, et plus craintives. Et ton grand-père avait un caractère exceptionnel. Il était à la fois sévère et généreux, bon et coléreux. Tu ne peux pas savoir à quel point il pouvait passer d'un état d'âme à un autre avec une rapidité déconcertante. Je la laissais parler autant qu'elle le voulait, et le pouvait. Cela se voyait, elle voulait revivre des moments de sa vie, profondément enfouis dans sa mémoire. Elle prit ma main qu'elle serra très fort : - Tu as bien fait de venir Mina. Je l'embrassais sur le front : - Je viendrai autant de fois que tu en auras envie. Et puis tout ira bien maintenant pour toi, tu vas reprendre des forces et je pourrais t'emmener chez- moi en ville. Elle sourit d'un air triste avant de lâcher : - Je ne pourrais plus jamais dépasser le seuil de cette maison Mina, sauf pour mon dernier voyage. Tu dois le savoir toi qui es médecin. Je sentais les larmes piquaient mes yeux : - Ne dis pas cela grand-mère. Seul Dieu décide de la durée de vie d'une personne. - Je sais ma fille. Mais à mon âge, il ne faut pas se leurrer. Comment vont tes enfants.. ? - Bien. Ils grandissent. - Ratibe travaille toujours bien à l'école… ? - Oui… Il est même excellent. Y. H.