Le collectif des producteurs de l'audiovisuel a organisé, hier matin, à la salle Frantz-Fanon de Riadh El Feth, une rencontre-débat autour du passé, du présent et des perspectives de la Télévision algérienne. Animée par Lamine Merbah, Boualem Aïssaoui, Abderrazak Hellal et Sid-Ali Fettar, cette rencontre s'inscrit dans la même lignée que la journée d'étude qui s'est tenue, à la même salle, le 26 mars dernier, et qui a dressé un état des lieux du secteur de l'audiovisuel. À l'issue de cette rencontre, dix recommandations ont été arrêtés ; des copies ont été remises aux six candidats à la présidentielle, au ministère de la Culture, au secrétariat d'Etat chargé de la communication et au directeur de l'Entv, Abdelkader Oulmi. Après un bref rappel de la rencontre du 26 mars, le réalisateur et ancien responsable du Fdatic, Lamine Merbah, a fait un rappel historique sur les différentes étapes par lesquelles la Télévision algérienne est passée, tout en insistant sur le public algérien qui doit se réapproprier cette télévision qui tend à le représenter. “Les Algériens ne regardent pas la chaîne nationale. Lorsqu'ils rentrent chez eux le soir, ils s'orientent vers des chaînes françaises (TF1, France 2) et se plongent dans une atmosphère qui leur est étrangère avec une idéologie française, sioniste et impérialiste”, déclare M. Merbah. Il a également évoqué le concept de politique culturel, très prisé ces derniers temps, en le qualifiant de “vague”. Selon lui, le terme exact serait “stratégie culturelle”. De son côté, Sid-Ali Fettar a révélé les différents problèmes auxquels se heurtent les réalisateurs en Algérie, tout en demandant la rédaction d'une “lettre d'interpellation”. Les quatre intervenants ont déploré le manque d'opacité dans le domaine de la télévision, tout en négligeant totalement le fait qu'une seule chaîne ne peut pas représenter l'Algérie. L'ouverture du champ audiovisuel n'a pas été évoquée, et pourtant, c'est celle-ci qui est le sésame. La question fondamentale est : quelle télévision pour quel téléspectateur ? Une seule chaîne ne suffit pas à unir les Algériens et répondre à leurs besoins dans un monde dominé par la technologie et où le concept de la télévision rime actuellement avec divertissement. D'ailleurs, les Algériens, en quête de repères, ont renoncé à voir leur propre image sur le petit écran, car ils ne font plus confiance à leur télévision, qui les a habitués à la médiocrité.