La guerre civile au Sri Lanka tire à sa fin. Enfin ! Cela fait vingt-cinq ans qu'elle dure, avec une facture de 80 000 morts. La guerre est manifestement en train de s'achever. Le plus dur commence, la reconstruction et la fermeture des plaies. L'armée a reconquis, au cours de ces deux dernières années, l'essentiel du territoire tenu jusque-là par les rebelles tamouls du LTTE (Liberation Tigers of Tamil Eelam). Ceux-ci n'ont pas seulement vu s'effondrer le quasi-Etat qu'ils avaient réussi à construire dans le nord et l'est de l'île et perdu une grande partie de leur financement international. Ils vont probablement cesser d'exister en tant que force combattante. La chute du dernier petit mouchoir qu'ils contrôlent dans le district de Mullhaitivu sur la côte nord-est est imminente. La seule chose qui empêche l'armée de donner l'assaut final est la présence sur place de réfugiés. La seule question que se posent la plupart des observateurs désormais, c'est de savoir si Velupillai Prabhakaran, chef et fondateur du LTTE, est vivant. Chacun de ses proches a une pastille de cyanure pour se suicider. Et dire qu'il a été soutenu au nom d'intérêts mais aussi au nom de la démocratie ! Lorsqu'il a commencé sa campagne de guérilla contre le gouvernement, c'est pourtant par des massacres de civils, des femmes et des enfants. Les territoires sous son contrôle étaient tout sauf démocratiques. Son organisation utilisait massivement des enfants soldats et fut la première, avant les djihadistes radicaux, à recourir aux attentats suicide. À la fin des années 1980, il a expulsé tous les musulmans, 75 000, de la province du Nord, dans le but de créer un état tamoul ethniquement pur. Les frasques de LTTE n'absolvent cependant pas le gouvernement sri-lankais qui, en vertu de la soi-disant majorité cingalaise, a exclu les minorités. En faisant du cingalais la langue de l'administration, les Tamouls ont été interdits de fonction publique. En fait, c'est le gouvernement qui a semé les graines de la discorde puis même de la guerre civile pour son jusqu'auboutisme. L'histoire retiendra que ce sont les Cingalais qui ont lancé les premiers pogroms, dès 1956 à Gal Oya, où plus de cent Tamouls ont été tués, pogroms qui ont abouti au juillet noir de 1983, à plus de 1 000 morts et à l'incendie de la bibliothèque de Jaffna, symbole de la culture tamoule. Des députés du parti cingalais ont même, à la tribune de l'assemblée, suggéré aux Tamouls de quitter le pays s'ils ne voulaient pas subir de discriminations. Les choses se sont améliorées depuis et le tamoul a été reconnu comme langue officielle, mais le LTTE s'est lui-même enfermé dans une logique jusqu'au-boutiste qui lui a fait refuser une solution politique quand il était encore en position de force. Il en paye aujourd'hui le prix. Si les Sri-0Lankais veulent construire un avenir juste et soutenable sur cette île, ils doivent respecter les droits de la minorité tamoule. D. B.