“Le niveau d'une civilisation se mesure à la façon dont elle traite ses vieillards”, disait Albert Einstein. Qu'en est-il chez nous ? Des membres de l'association Ihcène SOS 3e âge en ont débattu hier, lors du forum d'El Moudjahid. L'application des lois et la prise en charge des besoins économiques, sociaux et sanitaires sont de nature à permettre à la personne âgée d'évoluer normalement dans son milieu naturel, au sein de sa famille. L'Algérie vieillit et personne ne peut nier cette évidence. La baisse qui affecte depuis quelques années le taux de natalité, ajoutée à l'augmentation de l'espérance de vie attestent de la métamorphose que subit la composante de la population du pays. Si l'on croit les statistiques, d'ici 2040, 40% de la population seront composés de personnes du 3e âge, contre 10% comptabilisés en 2008. Ce phénomène est nouveau dans la société algérienne. Le ralentissement du rythme de croissance de la population, qui a eu pour conséquence la réduction de la catégorie des plus jeunes, fait que le nombre des personnes âgées est en net accroissement. En Algérie, la journée du 27 avril est consacrée Journée nationale de la personne âgée et c'est à cette occasion que l'àssociation Ihcène SOS 3e âge a organisé cette rencontre-débat. La prise en charge de la personne âgée est devenue une question importante, car force est de constater que la famille algérienne tend à devenir une famille nucléaire, surtout dans les grandes villes, ce qui menace l'avenir et le bien-être de cette catégorie dans la société, quelquefois livrée à elle-même. À ce propos, l'ancien membre du Haut-Comité d'Etat et néanmoins d'honneur de l'association, estime que “nous sommes en train de réitérer les mêmes doléances aux autorités locales, malheureusement rien n'est fait. Nous avons l'impression que nous faisons des appels dans le vide”, tout en ajoutant que “c'est vrai que toutes les lois algériennes, la Constitution, le code de la famille et le code pénal protègent les personnes du 3e âge, mais le problème est dans leur application”. Pour sa part, Salim Gemmar, membre de l'association, trouve que la question concernant la prise en charge des séniors est plus que pressante, car “avec la crise économique que connaît le monde, la situation financière des foyers algériens va être rudement mise à l'épreuve, alors les premiers boucs émissaires de la situation seront nos vieux”. Il a fait savoir que 27% de cette population sont veufs ou veuves, ce qui implique des soucis socioéconomiques pour cette frange de la société qui doivent être résolus au plus vite. Il estime que “l'Etat, seul, ne peut pas faire face à toutes les charges et répondre aux besoins des vieux; pour cela, il est souhaitable de créer une caisse ou un fonds social de solidarité vieillesse de manière à assurer aux personnes âgées démunies ou ayant un faible revenu une vie décente”. Selon ce membre de l'association, la création de la spécialité gériatrie et de centres spécialisés dans le domaine est importante. Il préconise, enfin, la favorisation et le développement des soins à domicile, ainsi qu'une hospitalisation à domicile.