Ma vie est une blessure. » La phrase prononcée par la vieille Louisa, dans un documentaire projeté hier au Forum d'El Moudjahid, a valeur de cri. Les récits des personnes âgées des centres de vieillesse se suivent et ne se ressemblent pas. L'association nationale Ihcène SOS 3e âge en détresse, qui a animé les débats d'hier, a adressé aux députés une liste de propositions pour l'amélioration des conditions de vie des vieux en Algérie. Les personnes âgées semblent être les premières victimes de l'ébranlement de la famille algérienne. Le président d'honneur de l'association Ihcène, Ali Haroun, regrette que tous les appels adressés aux pouvoirs publics soient restés lettre morte. « Nous lançons chaque année des appels dans le désert. Il est temps qu'on nous écoute ! », lance-t-il. Même si la protection des personnes âgées est censée être garantie par la Constitution, le code pénal, le code de la famille et celui de la santé, cela semble être insuffisant. « Ce ne sont là que des textes. La loi ne vaut que par les personnes qui l'appliquent », nuance M. Haroun. L'ancien ministre des Droits de l'homme estime qu'« il y a encore une certaine solidarité entre les membres de la famille algérienne ». « Demain, ce ne sera plus possible. On s'achemine vers une famille nucléaire à l'occidentale. Nous devons nous inquiéter de ce problème, car nous sommes tous concernés. », déclare M. Haroun. L'association Ihcène propose la mise en place d'une batterie de mesures pour redonner de l'espoir et de la dignité à cette catégorie. Elle demande de revoir à la hausse l'Allocation du filet social (AFS). Au menu de leurs revendications, soumises au députés et aux sénateurs, figurent notamment l'élaboration de listes de bénéficiaires de l'action sociale, la création de relais d'écoute, l'adaptation de l'habitat des personnes âgées, la création de centres spécialisés en gériatrie, le développement des soins à domicile. Pour améliorer les conditions de vie dans les centres de vieillesse, l'association sollicite un effort budgétaire supplémentaire de l'Etat. Les membres de l'association estiment nécessaire de relever la dotation journalière des pensionnaires des centres de vieillesse. L'association Ihcène estime primordial de séparer les personnes âgées des malades mentaux. « Ces deux catégories ne peuvent valablement cohabiter d'autant plus que les malades mentaux nécessitent des soins particuliers et des structures spécialisées. » Evolution de l'espérance de vie - En 1970, l'espérance de vie était de l'ordre de 53,5 ans En 1989, elle était de 66,3 ans En 1990 de 67,3 ans En 1993 de 67,8 ans En 1998 de 68 ans En 2009 elle est passée à 76 ans En mai 2001, les 60 ans et plus représentaient 6,6% de la population En 2025, selon les projections du Cnes, les personnes du troisième âge représenteront 11% de la population algérienne En 2050 ils représenteront 22% de la population.