Tous les spécialistes de la scène américaine s'accordent à dire que cette élection est spéciale, pour la simple raison qu'elle permettra, soit à un Noir américain, Barack Obama, de devenir le premier président américain de couleur, soit à une femme, Sarah Palin, d'entrer à la Maison-Blanche en qualité de vice-présidente. Historique, le mot a été lâché par les observateurs. C'est ainsi qu'est qualifiée l'élection américaine de demain. Quelle que soit l'issue du scrutin, en faveur des démocrates ou des républicains, elle marquera l'histoire des Etats-Unis. En effet, l'élection de Barack Obama est considérée, à plus d'un titre, comme un événement exceptionnel, car il sera le premier Noir américain à s'installer dans le bureau ovale de la Maison-Blanche. Une victoire républicaine verra une femme entrer à la Maison-Blanche comme vice-présidente, ce qui constitue également un fait extraordinaire. Aux dernières nouvelles, l'avantage est côté démocrate, selon les sondages qui accordent tous une avance à Barack Obama. Le dernier sondage en date, réalisé par Reuters/C-SPAN/Zogby, lui confère six points d'avance, à deux jours de l'élection présidentielle américaine. Le candidat démocrate est crédité de 50% d'intentions de vote au plan national, contre 44% pour son adversaire républicain. Samedi, son avance était estimée à 5 points. L'étude, menée par téléphone, est assortie d'une marge d'erreur de 2,9 points. Cela étant, si Obama bat John McCain comme l'indiquent les sondages, le démocrate sera le premier Noir à devenir président des Etats-Unis, après deux siècles de domination blanche. Le mot d'ordre “Change” de l'homme qui deviendra le quarante-quatrième président serait ainsi plus qu'un simple slogan. S'il l'emporte, les changements seront multiples. D'abord, parce qu'il serait le premier locataire de couleur à la Maison-Blanche. Par ses origines mi-kenyanes mi-américaines, par son enfance partagée entre Hawaii et l'Indonésie, Obama symbolise une Amérique qui change, dans un monde qui bouge. Ca sera un message rassembleur lorsqu'on sait que d'ici 2050, selon les démographes, les Etats-Unis ne seront plus un pays à majorité blanche. Noirs, Hispaniques, Latinos, Asiatiques et immigrants de tous horizons pèsent d'ores et déjà d'un poids de plus en plus considérable dans une population de 300 millions de personnes. Obama ne s'y est pas trompé en réfutant sa candidature de Noir pour marteler pédagogiquement que les Américains de couleur sont tous des Américains comme les autres. Ce message rassembleur, il l'adresse aussi au reste du monde, à l'heure où George W. Bush laisse une Amérique un peu moins puissante et beaucoup moins aimée qu'elle ne l'était il y a huit ans. De la Chine à l'Inde, du Brésil à la Russie, d'autres puissances émergent, contestant la domination occidentale. Obama, s'il est élu, saura-t-il être un leader qui unit au lieu de diviser ? Les experts répètent qu'il ne faut pas attendre de changement radical. Peut-être. Toutefois, Obama restera l'homme politique américain qui a un parcours atypique qui lui permet de mieux comprendre les cultures différentes. Ce qui ferait de lui, assure-t-il, un “meilleur président” que son adversaire républicain, John McCain. La partie n'est cependant pas gagnée. Aujourd'hui encore, Obama, et malgré les sondages et les appuis de médias et du showbiz, sillonne l'Amérique et met en garde ses électeurs contre tout excès de confiance lié aux bons sondages. L'effet Bradley n'est pas à exclure. Les petits blancs pourraient dans le secret de l'isoloir choisir un vote racial. Merzak Tigrine/Djamel Bouatta Lire tout le dossier en cliquant ici