Le secrétaire d'Etat a estimé qu'il faudrait au préalable mettre en place les conditions humaines et matérielles pour concrétiser cette revendication des professionnels. Avec Azzedine Mihoubi, le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Communication, l'heure n'est visiblement pas à la poésie. Elle est plutôt au pragmatisme. En marge d'un séminaire organisé hier au Centre international de presse à Alger, M. Azzedine Mihoubi a laissé entendre que l'ouverture du secteur de l'audiovisuel, fondement du pluralisme, revendication de nombre de forces politiques, mais stratégique pour les autorités, n'est pas pour demain. “Il faut préparer le climat nécessaire, préparer le climat économique et les ressources humaines suffisantes”, a-t-il dit en réponse à une question de Liberté. Le secrétaire d'Etat, qui s'attendait visiblement à la question puisque ne s'étant pas empêché “d'observer” que c'est une question récurrente, a estimé qu'on ne doit pas se “précipiter”, mais que cela exige “un travail rigoureux”, a-t-il dit. Cette rigueur est aussi souhaitée pour le travail de la presse qui célèbre la Journée internationale de la liberté de la presse. Il a exprimé dans ce sens la volonté des pouvoirs publics, selon lui, d'œuvrer pour améliorer la protection des journalistes dans l'exercice de leur métier. Tout comme l'amélioration des conditions de leur travail. Evoquant la question de la carte professionnelle ainsi que les problèmes inhérents à la corporation, comme la révision du code de l'information, le représentant de l'Exécutif s'est engagé “à associer tous les partenaires” dans tout débat engageant le devenir de la profession. “Les journalistes doivent s'organiser, mais j'insiste sur le volet formation”, a préconisé Mihoubi. Quant à la levée du monopole sur la publicité, manne qui tient sous perfusion de nombreux titres, une profusion qui déteint sur la crédibilité de la profession, M. Mihoubi a minimisé l'apport de celle-ci par rapport au nombre de titres existant. En guise d'exemple, il a cité la télévision qui reçoit de la publicité privée. Organisé sous le haut patronage du président de la République, le séminaire sur “les médias à l'ère du numérique” a, contre toute attente, fait l'impasse sur la question inhérente à la liberté d'expression. Tous les intervenants, responsables d'organismes publics, ont axé leurs interventions sur les enjeux entourant la numérisation. Pour le DG de l'ENTV, la révolution dans l'audiovisuel avec la numérisation, outre la concurrence, rend l'efficacité de la télé publique difficile. C'est pourquoi, à ses yeux, la transformation technologique figure parmi l'une de ses stratégies de développement. Il a rappelé que des investissements ont été engagés pour l'acquisition de moyens. Pour sa part, Tewfik Khelladi, DG de l'ENRS, a décortiqué le plan adopté par la radio pour se mettre au diapason des nouvelles technologies. De son côté, le DG de TDA a déclaré qu'un appel pour l'installation de 116 stations pour la TNT a été lancé. Quant au représentant de l'APS, un média où la numérisation, a été entamée en 1994, et qui a réussi des performances en termes d'efficacité, envisage à terme de mettre en place une plate-forme multimédia. En résumé, aux interventions des uns et des autres, Mihoubi a estimé que la modernité n'est plus un choix, mais plutôt une “obligation”.