Ce n'est pas faire preuve de scepticisme ou d'alarmisme que d'affirmer aujourd'hui que c'est au sein de la jeunesse algérienne, contaminée à présent par les maux que sont la violence, le suicide et la drogue, que se niche peut-être la plus grande menace sur la stabilité du pays. Le fait est terrifiant : on consomme en Algérie quatre fois plus de cannabis qu'il y a un an. Il n'est sans doute pas besoin d'une enquête approfondie pour se convaincre que si les choses restent en l'état, d'autres drogues, plus dures, genre héroïne ou cocaïne, sont promises à un bel avenir chez nous. Qu'on ne vienne surtout pas contredire cette mauvaise prophétie au nom de la culture ou de la sociologie algérienne. On avait trop longtemps cru que cette culture et cette sociologie prémunissaient la société contre les tentations extrêmes. Jusqu'au temps où le terrorisme a fait irruption dans notre quotidien, même si certains jurent encore qu'il est étranger à nos valeurs. Jusqu'à récemment encore, le suicide et la harga n'étaient même pas envisagés comme des phénomènes pouvant se faire jour de ce côté-ci de la Méditerranée. C'est qu'on n'a pas fini de compter les dégâts de notre prétendue spécificité. Car dans notre pays, on n'a certainement pas pour… spécificité de voir venir les catastrophes. Même si, depuis le temps qu'ils nous tombent sur la tête, on a quelque peu appris à gérer, plutôt mal, les cataclysmes en tous genres et les nuisances qu'ils charrient. De là à les prévenir… Et dire que gouverner, c'est prévoir ! Ce n'est pas faire preuve de scepticisme ou d'alarmisme que d'affirmer aujourd'hui que c'est au sein de la jeunesse algérienne, contaminée à présent par les maux que sont la violence, le suicide et la drogue, que se niche peut-être la plus grande menace sur la stabilité du pays. La bombe à retardement est en place, bel et bien amorcée. C'est dire qu'il y a du pain sur la planche pour les artificiers que sont les gouvernants. La question est de savoir s'ils vont s'en occuper, à temps, c'est-à-dire dès maintenant, et de la manière qui correspond le mieux à la nature de la menace qui, n'en doutons surtout pas, est d'ordre politique. La même question doit sans doute être posée autrement : les institutions du pays, dans l'état qui est le leur aujourd'hui, sont-elles en mesure de concevoir une thérapie à même d'annihiler une telle menace ? Les paris sont ouverts. S. C.