Nicolas Sarkozy a fait jouer le parquet de Paris pour repousser la décision d'une juge d'enquêter sur les biens détenus en France par les présidents de trois pays africains producteurs de pétrole. L'enquête est suspendue pour plusieurs mois. Mais ce n'est que partie remise, l'ONG anti-corruption Transparency International, qui a engagé la plainte contre les trois leaders africains pour recel de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de biens sociaux et abus de confiance, a promis de ne pas lâcher Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) et leurs proches. C'est la troisième fois que l'Elysée sauve les trois chefs d'Etat, en classant sans suite les plaintes à leur encontre en 2007, 2008 et cette année, jugeant l'infraction insuffisamment caractérisée. Les accusés ne sont par autant saufs. L'enquête aboutira un jour ou l'autre, lorsque le pouvoir français aura épuisé toutes les procédures judiciaires. En attendant, la justice française a fait montre d'obéissance au pouvoir politique français qui cherche à préserver ses intérêts économiques et politiques dans les trois pays concernés, fiefs de Total et pivots de l'influence de Paris en Afrique. Paris a voulu éviter le procès de la françafrique, la politique traditionnelle de l'Elysée reconduite par Nicolas Sarkozy pour préserver son "carré" africain. L'enquête est repoussée et selon la juge qui avait accepté le principe son ouverture, elle se reposera en décembre prochain. Il reste que c'est un sérieux coup de semonce contre les tyranneaux africains et leurs proches. Les 39 propriétés et 70 comptes bancaires détenus par Omar Bongo et ses proches, les 24 propriétés et 112 comptes bancaires de la famille Sassou-Nguesso, ainsi que les limousines achetées par la famille Obiang ont été rendu publics. C'est déjà ça. Transparency International se bat pour que ces biens achetés "avec de l'argent volé aux finances publiques" des pays en question soient restitués aux populations.