Les importations se sont emballées, s'inquiète l'institut d'émission. Les réserves de change ont atteint un montant de 143,102 milliards de dollars à la fin décembre 2008 (contre 110,18 milliards de dollars à la fin 2007). C'est ce qu'a relevé hier la Banque d'Algérie dans une note de conjoncture reprise par l'APS. Cependant, souligne la Banque d'Algérie, vu l'emballement des importations des biens et services en 2008, le taux de couverture des importations de biens et services par les réserves de change est, seulement, de près de 36 mois contre un “pic” de l'ordre de 40 mois en 2007. C'est cet emballement des importations des biens et services qui inquiète la Banque d'Algérie, et qui constitue un autre élément de vulnérabilité pour la balance des paiements. En effet les services non facteurs importés se sont accrus de 58,4% en 2008 par rapport à 2007. Ils sont passés de 4,78 milliards de dollars en 2006 à 6,93 milliards de dollars en 2007 et à 10,97 milliards de dollars en 2008. “La majorité des services non facteurs importés se compose des services de transport maritime et aérien, les services de bâtiment et travaux publics et les services techniques”, indique la Banque d'Algérie. Si l'augmentation des services importés au titre de la rubrique transports (3,126 milliards de dollars en 2008 contre 2,15 milliards de dollars en 2007), est liée à la forte augmentation des importations de biens, la forte croissance des deux autres principaux services importés “services bâtiments et travaux publics” (2,656 milliards de dollars en 2008 contre 1,54 milliard de dollars en 2007) et “services techniques aux entreprises” (3,387 milliards de dollars en 2008 contre 1,69 milliard de dollars en 2007) s'explique principalement par les importations de services au titre des infrastructures publiques et par certaines entreprises du secteur des hydrocarbures. L'autre élément de vulnérabilité pour la balance des paiements résulte de la faiblesse des exportations hors hydrocarbures. La Banque d'Algérie constate que pendant que les comptes extérieurs restent fortement affectés par la volatilité des prix du pétrole l'augmentation des exportations hors hydrocarbures en 2008 avec une performance encore moindre au second semestre (0,57 milliard de dollars contre 0,87 milliard de dollars au 1er semestre) représente une contribution encore très faible à la viabilité de la balance des paiements courant, surtout dans ce contexte de très forte augmentation des paiements au titre des importations des biens et services”. Pour autant, la Banque d'Algérie estime qu'il n'y a pas encore le feu en la demeure. L'excédent global du Trésor est resté appréciable en 2008 représentant 7,6% du PIB contre 4,9% en 2007. Ce renforcement de la capacité de financement du Trésor est matérialisé par l'accumulation d'importantes ressources dans le Fonds de régulation des recettes qui a atteint 4.280,1 milliards DA à fin 2008. À ce propos, la Banque d'Algérie indique que l'encours global des dépôts du Trésor auprès de la Banque d'Algérie a atteint 4.359,8 milliards de DA à fin 2008 contre 3.295,2 milliards de DA à fin 2007. “Ce qui confirme la viabilité des finances publiques dans le contexte du choc externe en cours, car la capacité d'autofinancement immédiate couvre plus de deux ans de dépenses d'équipement au rythme de l'année 2008”, précise-t-elle. Les IDE nets engagés en Algérie en 2008 sont estimés à 2,31 milliards de dollars La Banque centrale relève par ailleurs les acquis résultant de la stratégie de désendettement extérieur conduite entre 2004 et 2006 qui se sont matérialisés, dès le second semestre 2008, par un excédent du compte capital et opérations financières. La banque d'Algérie annonce que le montant des investissements directs étrangers nets engagés en Algérie a enregistré une hausse en 2008 pour s'établir à 2,31 milliards de dollars. Ce chiffre indique le montant des investissements directs étrangers (IDE) nets effectivement mobilisés dans le pays, précise la Banque d'Algérie. Durant l'année 2008, les IDE nets réellement engagés ont été de 590 millions de dollars au cours du 1er trimestre, de 480 millions de dollars au 2e trimestre, de 240 millions de dollars au 3e trimestre et de un (1) milliard de dollars au 4e trimestre. En termes de montant des IDE, l'année 2008 a ainsi enregistré une nette hausse par rapport à celle de 2007 durant laquelle les IDE nets s'étaient chiffrés à 1,37 milliard de dollars. Parallèlement l'encours de la dette extérieure, à moyen et long terme, a encore reculé à la fin 2008 pour atteindre 4,282 milliards de dollars contre 4,889 milliards de dollars à fin 2007. Concernant le taux de change, la Banque d'Algérie indique que “la politique suivie en la matière est bien en phase avec la stabilité externe, elle-même ancrée sur une solidité marquée de la position financière extérieure nette de l'Algérie”, ajoutant que “la politique de taux de change telle que suivie par la Banque centrale, de manière flexible, sert donc l'économie nationale”. “L'appréciation du dinar, par rapport au dollar US, notamment aux 2e et 3e trimestres 2008, conjuguée à un effet balancier en matière d'évolution du cours dinar/euro, dépréciation au 1er trimestre suivie d'une appréciation au cours des 3 trimestres suivants de 2008 ont conduit à une consolidation à court terme du taux de change effectif réel du dinar qui, à fin 2008, est resté proche de l'équilibre avec une appréciation de 1,58% en moyenne annuelle”, précise-t-elle. Cependant, insiste la Banque d'Algérie, “le challenge reste d'asseoir durablement une compétitivité externe hors hydrocarbures pour soutenir la viabilité à moyen et long terme de la balance des paiements”. Dans cet objectif, préconise-t-elle, “la politique de taux de change doit être accompagnée par d'autres mesures de politique économique visant à accroître la productivité et la diversification de l'économie nationale”. Repères - Exportations de biens et services : 82,18 milliards de dollars (contre 63,43 milliards de dollars en 2007) - Importations de biens et services : 48,37 milliards de dollars (contre 33,28 milliards de dollars en 2007) dont 37,39 milliards de dollars pour les marchandises (contre 26,35 milliards de dollars en 2007) - Revenus des services facteurs nets : -1,34 milliard de dollars (contre -1,83 milliard de dollars en 2007) - Transferts courants nets: +2,71 milliards de dollars (contre +2,22 milliards de dollars en 2007) - Balance courante: +35,18 milliards de dollars (contre +30,54 milliards de dollars en 2007) - Investissements directs étrangers nets: 2,31 milliards de dollars (contre 1,37 milliard de dollars en 2007) - Solde global : + 37,03 milliards de dollars (contre +29,55 milliards de dollars en 2007) M. R.