C'est porté par près de 2 000 travailleurs et dans une ambiance survoltée que Kouadria Smaïn a animé, hier, une assemblée générale au sein du complexe sidérurgique d'El-Hadjar annoncée d'emblée comme étant celle du renouveau syndical. Le désormais ex-secrétaire général par intérim et guide du mouvement de contestation, jusqu'à son aboutissement, tel que ce syndicaliste, s'est lui- même proclamé avant de prendre la parole, a systématiquement accablé de reproches Menadi et ses proches collaborateurs, coupables, selon lui, des pires maux qui gangrèneraient le complexe. Aux cris de “Halte à la zaâma” et “Kouadria président”, répétés à l'unisson par l'assistance, le syndicaliste a affiché sa détermination à enlever toute prérogative dans la gestion des œuvres sociales à l'ancien secrétaire général, devenu aujourd'hui député. Il a également dirigé sa vindicte vers les membres du Conseil de participation, pour avoir contribué à la dilapidation à des fins personnelles des fonds destinés normalement à l'amélioration des conditions de vie des ouvriers. À ce propos justement, Kouadria a annoncé que les représentants des travailleurs et certains membres du conseil d'entreprise ont décidé de soumettre à l'ensemble des effectifs une pétition pour exiger des comptes sur l'enrichissement qualifié de suspect des représentants syndicaux du complexe d'El-Hadjar, à quelque niveau qu'ils soient. Les initiateurs de ce projet de pétition, qu'ils comptent, selon leurs dires, destiner éventuellement à la justice dont ils disent attendre l'ouverture d'une enquête sur l'origine des signes extérieurs de richesse affichés par nombre de syndicalistes, qui n'ont pas été cités nommément mais habituellement en relation directe avec l'administration de ArcelorMittal et, donc, des dossiers de passation de marchés avec les sous-traitants et autres prestataires extérieurs au site métallurgique. Précisant leurs accusations, les opposants à Aïssa Menadi ont évoqué les privilèges accordés aux propres fils de ce dernier, qui auraient bénéficié indûment de marchés juteux ainsi qu'à certains entrepreneurs et fournisseurs qui se conduiraient en maîtres des lieux. Kouadria a affirmé, par téléphone, qu'il irait jusqu'au bout dans sa lutte contre la gestion pratiquée depuis des années par Menadi. Ceci étant, il n'a été avancé aucune date d'échéance à ce mouvement de protestation. Kouadria indique qu'il a personnellement exposé, au secrétaire général de la Centrale syndicale UGTA par téléphone, le conflit qui l'oppose à Menadi mais n'aurait eu aucune réponse officielle sur les suites que Sidi-Saïd compte y réserver. Il a toutefois menacé de déclencher un mouvement de grève illimitée si des tractations d'où seraient exclus les travailleurs ont lieu en dehors de l'enceinte du complexe. À part ceci, seul un communiqué signé par un membre de l'union locale de ce même syndicat, à El-Hadjar, annonçant la venue d'une délégation de ladite centrale à Annaba pour trancher la question, mercredi 13 mai, a été porté à la connaissance des travailleurs. Menadi, de son côté, a opté pour réagir à ce qui se passe au sein du complexe en organisant un point de presse, ce matin à 10h, au niveau du siège de l'USM Annaba de la Tabacoop. Une réaction somme toute attendue par bon nombre de gens à Annaba, qui s'étonnaient que Menadi ne se soit pas manifesté depuis le début de la guerre ouverte que lui fait son adjoint.