Azouz Begag, écrivain, chercheur en économie et sociologie et ex-ministre français délégué à la Promotion de l'égalité des chances (entre 2005 et 2007), a été l'hôte, mercredi et jeudi derniers, de l'université et de la Maison de la culture de Béjaïa. Les Béjaouis ont découvert un Begag plutôt politique, très doué dans l'art de la communication. On l'aura compris : l'homme a bien des ambitions et la réussite du style Obama l'a sans doute bien inspiré : il cite Barack comme référent à plusieurs reprises et semble essayer à tout prix de l'imiter jusque dans la gestuelle. Interrogé par Liberté lors d'un point de presse animé à l'université Abderrahmane-Mira, Azouz Begag trouve que la “plus grande faute commise par l'Algérie est le fait d'avoir abandonné, dans les années 1970, l'agriculture au profit de l'industrie lourde”. En tant qu'économiste, il conseille au gouvernement algérien d'investir davantage dans l'agriculture et les énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse…). “C'est indiscutable, le seul salut de l'Algérie, ce sont les énergies vertes”, plaide-il tout en se disant “croyant au Plan méditerranéen des énergies nouvelles”. L'ancien ministre français regrettera, au passage, un phénomène qui enlaidit la ville de Béjaïa : “C'est triste de voir des bouteilles d'eau minérales jetées partout. Pourquoi est-ce que l'on n'investit pas dans le recyclage ?” s'interroge-t-il. Begag est l'auteur de plus de vingt ouvrages, dont le célèbre brûlot à charge contre Nicolas Sarkozy, intitulé Un Mouton dans la baignoire (titre qui reprend des propos de Nicolas Sarkozy fustigeant les pratiques de certains musulmans). Le conflit avec celui qui est alors ministre de l'Intérieur naît d'abord de l'emploi par ce dernier du mot “racaille”. À la Maison de la culture de Béjaïa, Begag a conté sa douloureuse histoire et celle de ses parents originaires d'un village près de Sétif qui sont partis en France dans les années 1940. Militant de la cause des cités, Azouz Begag passe les dix premières années de sa vie dans un bidonville. Ce qui l'a inspiré à écrire plusieurs romans, dont le plus célèbre est intitulé Le Gone du Chaâba, qui a été adapté au cinéma. Un long métrage dont le rôle principal a été interprété par Mohamed Fellag. Le titre est un jeu de mots révélateur de l'intérêt de Begag pour le métissage culturel. Il s'agit, en effet, d'un mélange entre un terme du dialecte lyonnais, langue de sa région de naissance, et d'un terme algérien signifiant tribu. C'est l'histoire d'un enfant qui sort du bidonville et qui réussit à l'école, donc dans la société. Seulement, dans ce bidonville, sur les quarante enfants, il n'y en a qu'un qui s'en sort. Begag aussi s'en est bien sorti dans une France des inégalités !