“El Manaa”, le premier long métrage algérien à suspense, réalisé par Fouzi Delmi, a été projeté pour la première fois à Alger, le week-end dernier, à la salle de cinéma Ettaqafa (ex-ABC), dans le cadre du cinéclub de l'association À nous les écrans. Le début du film commence par une femme qui consulte un sorcier pour qu'il lui amène à nouveau son mari auprès d'elle. Ensuite, l'histoire commence avec un jeune, Lyes, qui possède un cybercafé dans une vieille maison datant du XIXe siècle, qu'il a héritée de son grand-père. Un jour, alors qu'il était avec un ami à la terrasse de la maison, ils découvrent de l'or à l'intérieur d'un conduit de cheminée ; le temps de ramener une torche, tout l'or disparaît. À partir de ce moment-là, la vie de Lyes prend une autre tournure. En fait, il apprend par son ami Merouan que l'or est caché par el manaa (l'obstacle). Un sort jeté par les Juifs pour dissimuler leurs trésors au XIXe siècle. Protégé par les djinns, l'or devient comme invisible aux yeux des humains. Un jour, un homme étrange se présente à lui et lui propose de l'aider à retrouver ce trésor caché grâce à ses dons de sorcellerie. Lyes devient obsédé par cet or et est amené à renoncer à son travail et son foyer. Le sorcier exécute un rituel satanique, un mercredi à minuit, car c'est le jour où tous les djinns se rassemblent sur terre. Mais, ce sorcier va demander une mission à ce dernier qui n'est autre que de ramener de la terre du cimetière afin de la mélanger à du couscous qu'il faut faire manger à une personne. Le jeune homme s'exécute, alors une jeune fille est empoisonnée. Une course-poursuite en voiture est engagée à l'encontre de Lyes par les policiers et le père de la jeune fille. Dans une dispute avec le père, il le tue accidentellement en le poussant du haut d'un pont. Arrêté par les flics, l'assassin se suicide avec un pistolet. Après la mort de Lyes, on le revoit avec le sorcier qui lui demandait du couscous. Un suspense imprenable, les faits qui se sont déroulés ne sont qu'une projection de Lyes dans un futur où la mort est la seule issue. Plongé dans une mini-dépression, ou plutôt une obsession maladive de retrouver le gain, Lyes se met à pratiquer de la magie noire pour évoquer les esprits. Il finit par consulter un charlatan qui lui jette de la poudre aux yeux. Mais cet arnaqueur est par la suite tué par une personne dont le visage est complètement imperceptible. Après un mois de coma à l'hôpital, Lyes retrouve sa femme et son travail, mais l'or sera toujours introuvable. Le grand suspense du film : qui a tué le charlatan ? Selon le réalisateur, M. Delmi, le film est tiré d'une histoire vraie. “Lyes existe vraiment. Quand il m'a conté son histoire, cela m'a inspiré pour en faire un long métrage.” En effet, à Constantine, les gens croient à cette légende juive sur el manaa. “C'est la raison pour laquelle les Juifs veulent racheter les vieilles bâtisses de la ville, car elles cachent de vrais trésors”, ajoute le réalisateur. Pour la légende juive, cela n'a pas été du tout cité lors du film, et la raison est purement politique, selon M. Delmi. “Il y avait une tension israélo-palestinienne. Si j'avais parlé de ça, les gens m'auraient accusé de les soutenir”, a-t-il dit. El Manaa est un long métrage d'une heure vingt minutes réalisé en 2008. Pour sa première réalisation, avec un budget très minime et des acteurs méconnus du grand public, le résultat était bon, même meilleur que des films présentés sur la Chaîne nationale. À signaler notamment quelques petites imperfections liées au film, dont une musique qui ne s'arrêtait pas, même au moment du dialogue. En plus, le défilé d'images était trop rapide. Le spectateur n'a même pas le temps de plonger dans une action qu'il se retrouve déjà dans une autre ; l'histoire n'est pas vraiment bien racontée. Concernant le montage, le son et l'image, c'était parfait, si ce n'est la couleur un peu sombre pour donner un côté plus effrayant aux spectateurs. En somme, pour une première, le film est à voir comparativement à d'autres qui font des succès ! Hana Menasria