En hibernation depuis l'agression israélienne contre la bande de Gaza, le projet de l'Union pour la Méditerranée fait l'objet d'une tentation de relance par l'Espagne, à travers une volonté de mise en place du secrétariat de cette instance d'ici à deux semaines à Barcelone. Devant les échecs de la France de remettre sur les rails l'Union pour la Méditerranée, qu'avait lancée en grande pompe, le 31 juillet 2008 à Paris, le président Nicolas Sarkozy, avec pour objectif de revitaliser, à travers des projets concrets, le processus de Dialogue euroméditerranéen crée en 1995 à Barcelone, c'est, semble-t-il, au tour de l'Espagne de prendre le relais. En effet, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a émis vendredi à Tunis, où il se trouvait pour une visite de 24 heures, le souhait de la mise en place du secrétariat général de l'Union pour la Méditerranée (UPM) prochainement à Barcelone. Selon une source diplomatique dans la capitale tunisienne, le chef de la diplomatie espagnole a formulé l'espoir que le secrétariat “sera mis en place lors de la prochaine réunion de l'UPM”, dans deux semaines à Barcelone. D'ailleurs, la relance de l'Union pour la Méditerranée constituait l'un des points à l'ordre du jour de l'audience accordée par le président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali à Moratinos, ainsi qu'avec son homologue tunisien Abdelwaheb Abdallah, d'après l'agence tunisienne de presse TAP. Les discussions entre Ben Ali et Moratinos ont également porté sur le “potentiel de la Méditerranée occidentale dans le cadre du Dialogue 5+5”, un forum informel composé de dix pays au nord et au sud du bassin, évoquant la possibilité d'un sommet de chefs d'Etat en 2010. Dans le but de rallier la Tunisie à sa vision, le chef de la diplomatie espagnole, dont le pays assurera en janvier 2010 la présidence tournante de l'Union européenne, a fait part de la volonté de Madrid de faire aboutir le souhait de Tunis d'occuper un “statut avancé” avec l'UE. Par ailleurs, il a annoncé une visite du couple royal d'Espagne avant fin 2009 à Tunis, un déplacement destiné, selon Moratinos, à “insuffler une nouvelle dynamique de coopération et d'entente” aux relations des deux pays. À la fin de ses entretiens avec le chef de l'Etat tunisien, le ministre espagnol a indiqué que “des moyens diplomatiques sont examinés pour mettre en application la déclaration du sommet de Paris”, tout en soulignant le souci de la Tunisie de voir l'UPM “commencer à travailler sur les projets décidés”. Pour rappel, l'UPM n'a pas encore désigné de secrétaire général. Ce point semble constituer encore un autre sujet de divergence de cette instance, qui n'existe que sur papier pour l'instant, car, depuis l'agression israélienne contre la bande de Gaza, c'est le blocage total. L'Egypte, qui assure la coprésidence de l'Union pour la Méditerranée avec la France, avait demandé le gel des réunions de la structure, tandis que les Palestiniens et certains pays arabes refusent pour l'instant encore s'asseoir aux côtés d'Israël. C'est dire l'âpreté de la tâche de la partie européenne dans cette tentative de mettre sur les rails l'UPM, parce que le massacre à ciel ouvert par l'armée israélienne à Gaza a eu des effets néfastes sur la région du Moyen-Orient, provoquant même une rupture des négociations de paix lancées après la réunion d'Indianapolis par George Bush. Avec l'arrivée de Benjamin Netanyahu à la tête du gouvernement israélien, la situation n'a pas de chances de s'améliorer. Merzak Tigrine