La nouvelle politique industrielle si importante pour la diversification de l'économie n'est pas déclinée, accentuant le déficit en matière de visibilité. Le plan d'action du gouvernement, qui sera présenté mardi prochain à l'APN par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, comporte des zones d'ombre en matière d'investissement, de réglementation du commerce extérieur et de stratégie industrielle. Le texte n'indique pas, en l'occurrence, si les directives Ouyahia seront abrogées. À noter que l'instruction d'Ouyahia en matière d'investissement risque de ralentir les engagements étrangers en Algérie. Selon des experts, plusieurs firmes étrangères sur le point de s'installer en Algérie ou d'accroître leurs investissements dans le pays sont aujourd'hui dans l'expectative. “On attend des clarifications, une plus grande visibilité pour décider”, lance un représentant d'une société française, dans un contexte de baisse des IDE en direction des pays émergents ou pré-émergents, effet de la crise financière mondiale. L'Algérie présente, rappelons-le, une opportunité pour les investisseurs occidentaux en raison de sa situation financière, de l'importance de son marché boosté par une expansion des dépenses publiques d'équipement. L'instruction d'Ouyahia en matière d'investissement oblige, en ce sens, les sociétés étrangères à s'associer à un partenaire ou à des partenaires locaux. Ces derniers devront détenir la majorité du capital. Du reste, le projet d'investissement devra présenter une balance devise excédentaire. L'objectif de cette nouvelle réglementation est de protéger, soulignons-le, les intérêts nationaux, à travers en particulier la préservation des équilibres macroéconomiques. Cela dit, la directive la plus controversée est cependant celle relative aux importations. Elle oblige l'importateur étranger à s'associer à un partenaire local pour pouvoir continuer à exercer son activité. Le sponsor local doit détenir 30% du capital. Sur la question, les signaux sont contradictoires. Karim Djoudi, de Washington, avait indiqué dans un entretien à l'APS que la mesure n'est pas rétroactive. Ce qui signifie qu'elle ne touche pas les sociétés déjà présentes en Algérie, en particulier les concessionnaires et les laboratoires pharmaceutiques. Cette information est vite rectifiée. Le ministre du Commerce indique quelques jours plus tard que la mesure est au contraire rétroactive. Les sociétés étrangères présentes en Algérie ont jusqu'au 31 décembre 2009 pour se conformer à la nouvelle réglementation. Si elles n'effectuent pas les démarches, elles seront interdites d'importation à partir du premier janvier 2010. “Cette instruction n'a pas un caractère aussi important que celle relative aux investissements. Celui qui veut vendre en Algérie, va le faire en dépit de ces conditions”, observe cependant un expert étranger. Quant à la stratégie industrielle, le plan d'action ne l'insère pas de manière explicite, en tout cas dans la panoplie de mesures arrêtées pour diversifier l'économie nationale. En l'absence d'une véritable politique industrielle, il est évident que l'économie nationale souffira d'un déficit de visibilité, préjudiciable à son développement. On sera probablement plus éclairé sur ces éléments d'incertitude dans quelques jours avec la présentation du texte mardi à l'APN et les réponses du Premier ministre aux questions des députés.