Le Premier ministre sera l'hôte mardi prochain de la chambre basse du Parlement. Devant laquelle il présentera le plan d'action de l'Exécutif, adopté déjà par le Conseil des ministres la semaine dernière. Le document, dont la Tribune s'est procuré une copie, met en exergue l'impérieuse nécessité de sortir du carcan de la dépendance des hydrocarbures à travers la diversification de l'économie et la création de PME. 200 000 selon les prévisions du gouvernement. Etalé sur pas moins de 35 pages, le plan d'action comporte en fait trois grands chapitres. Le slogan de la campagne électorale d'Abdelaziz Bouteflika se trouve en bonne place dans le document. «Une Algérie sereine» qui se concrétisera à travers «le renforcement de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance». A ce sujet, il faut souligner que les pouvoirs publics n'ont pas été à la pointe. Surtout en ce qui concerne la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. En ce sens que les mécanismes institués par des décrets n'ont jusqu'à présent pas été mis en place. Cela d'une part. D'autre part, il n'est un secret pour personne que la lutte contre l'enrichissement illicite n'a pas encore était mise en branle. D'aucuns n'ont lu dans la presse ou entendu parler de l'inculpation d'une personne pour enrichissement illégal après enquête sur des signes douteux de richesse. Dès lors, les citoyens se sont fait une raison. Ils ne croient plus aux discours, tant que le concret ne suit pas. L'Algérie sereine devra aussi, selon le document du gouvernement, passer par la poursuite du programme de la réconciliation nationale et apurer tous les dossiers en instance. Cela, non sans préciser que ceux qui s'entêtent encore à utiliser les armes contre leurs concitoyens devront affronter les services de sécurité qui seront impitoyables. Toujours dans le volet de la réconciliation, le document réserve une bonne part à ceux qui ont abandonné leur vie privée et leurs familles pour combattre le terrorisme et sauver la République. L'autre chapitre est relatif à la promotion et au «développement de l'économie» laquelle passe impérativement par un «accroissement et une diversification de la productivité» nationale. Se voulant une traduction, il ne saurait être autrement, des mesures que le président de la République avait promis à la population au cours de la campagne électorale, ce plan d'action, qui s'étale sur cinq ans, devra se donner les moyens d'agir vite et bien. Le chef de l'Etat y a insisté lors du premier Conseil des ministres depuis la présidentielle. Il a clairement signifié aux membres de l'Exécutif qu'il ne saurait tolérer ni retard ni laxisme. En somme, il l'a sommé d'accélérer la cadence avec obligation de résultats.Aussi, le «devoir du gouvernement consistera d'abord à poursuivre un effort mené pendant la dernière décennie». En plus clair, l'équipe gouvernementale se lancera pour défi de terminer ce qui a déjà été entamé et accusé des retards dans divers secteurs, notamment en matière d'infrastructures de base et de développement économique. Le document précise également que même si la crise mondiale n'a pas affecté les finances algériennes, il n'en demeure pas moins que cela pourrait se faire sentir dans l'économie réelle. Dès lors, l'Exécutif devra veiller, sans recourir à l'austérité, à l'intensification de la lutte contre toute forme de gaspillage des deniers publics, «à maîtriser le train de vie de l'appareil de l'Etat et à ne rien ménager pour la sauvegarde de la balance des paiements du pays.» Cette prudence, d'ores et déjà affichée, contribuera dans la concrétisation, de manière efficace, du plan d'investissement d'un montant de 150 milliards de dollars, avec cette précision que le gouvernement compte se prémunir du recours à l'endettement extérieur. Le plan d'action du gouvernement prévoit toute une série de mesures inscrites dans le cadre des réformes des institutions de l'Etat, de la démocratie participative et de la promotion des droits de la femme. C'est ainsi qu'il est question de révision des lois relatives aux partis politiques, aux associations, au régime électoral, mais aussi au découpage administratif, dont le ministre de l'Intérieur a longuement parlé à la presse après l'institution de nouvelles wilayas déléguées qui seront élevées au rang de wilayas. La défense de l'identité arabo-musulmane figure en bonne place dans la copie de l'exécutif, en ce sens qu'il est clairement signifié que les pouvoirs publics vont prendre en charge la promotion des préceptes de l'islam, qui est toujours, aux termes de l'article 2 de la Constitution, religion de l'Etat. Un islam que l'Etat veut définitivement arracher des mains des «prêcheurs» en eaux troubles et de ceux qui continuent de faire l'apologie de la violence et du terrorisme, profitant de la détresse d'une frange de la société. Une commission pour réécrire l'histoire Le plan d'action insiste sur la réécriture de l'histoire. Il se propose de mettre en place une commission nationale composée d'historiens et d'acteurs de la guerre de libération nationale. Il était temps, dirions-nous, surtout que ces véritables acteurs se font de plus en plus rares. Beaucoup ont été rappelés à Dieu, en raison de l'âge mais aussi suite aux séquelles de la torture.Sur un autre registre, et pour mettre fin aux innombrables émeutes et autres incendies de pneus et barrages de routes dans certaines contrées du pays, devenus le seul recours pour se faire entendre, il est prévu d'impliquer un peu plus le mouvement associatif et les élus locaux. Faisant part de sa volonté de lutter contre les maux sociaux et la corruption, le gouvernement veut se faire aider par la presse. Ce quatrième pouvoir qui pourrait retrouver toute sa place. «Le concours d'une presse plurielle dans sa composition et libre dans son expression constitue une gestion transparente des affaires publiques ainsi qu'à l'écoute des attentes et des préoccupations des citoyens». Il en va de même pour la place de la femme, et de son rôle, au sein de la société. Celui-ci, est-il indiqué, «fera l'objet d'une promotion constante pour affirmer ses droits, renforcer son concours au développement et sa (contribution) à la vie du pays dans tous les domaines, et assurer pleinement son rôle dans la stabilité de la famille et dans la cohésion de la société, à travers la mise en œuvre de la stratégie nationale d'intégration et de promotion de la femme». Sur le plan strictement économique, le plan d'action prévoit la promotion de la PME. «Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour inciter, par des mesures appropriées, le capital privé national à s'engager davantage dans l'investissement productif de biens et services». Cependant, et pour ce faire, il faudra se pencher sur la lancinante question du management qui manque tant à nos opérateurs. L'Exécutif s'engage à travers ce plan d'action à ancrer cette culture, y compris en créant une école supérieure du management. Le volet développement humain se résume dans le plan d'action du gouvernement dans la poursuite des progrès en matière de mise à disposition de la ressource hydrique, à la promotion des nouvelles technologies de l'information, en vue de les démocratiser davantage. Sur le plan social, le plan d'action confirme l'augmentation du SNMG, et le maintien des subventions de l'Etat pour les produits de première nécessité. Dans le domaine international, l'Algérie poursuivra dans sa politique étrangère qui, selon le document a donné ses fruits. Enfin, le plan d'action prévoit la poursuite de la professionnalisation de l'armée populaire nationale. F. A.