Nouar Harzallah, P-DG de l'Eepad, s'est montré plus au moins loquace lors de la rencontre que nous avons eue avec lui au siège de son entreprise à Bir-Mourad-Raïs (Alger). Sur la polémique entre le provider et Algérie Télécom, il nous dira que “tout est rentré dans l'ordre et comme convenu, on va payer nos dettes en respectant nos engagements”. Toutefois, il a tenu à nous préciser que “ce sera selon l'échéancier que les deux parties ont signé le 13 avril dernier et en même temps, il faudra trouver une solution aux différends”. Des “différends” qu'il a essayé de nous détailler, documents à l'appui, en défendant bec et ongles son statut de “victime” et en axant sur le fait qu'“il est inadmissible qu'on n'écoute qu'une seule version”. Concernant les dettes, il nous a déclaré : “Regardez ces tableaux et vous verrez bien que depuis 2004, nous avons payé 81% de nos dettes, soit 3 790 839 DA. Preuve que nous avons toujours respecté nos engagements. Il n'y avait aucun problème jusqu'à avril 2008 quand l'ex-ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication avait pris unilatéralement la décision politique de diminuer de 50% les frais d'accès à Internet”. Pour le P-DG du provider, cette décision “populiste” est à l'origine de tous les “maux” que subit son groupe. “Cette réduction a été appliquée uniquement pour le détail. Algérie Télécom n'a pas respecté la répercussion puisqu'elle continuait à envoyer la facture sans aucune réduction”. Selon lui, l'un des effets directs a été la disparition de Djaweb absorbée par la société mère, AT, “et pourtant son déficit dépasse les trois milliards de dinars”. Et de lancer : “C'est de la concurrence déloyale, tout en posant une multitude de questionnements : pourquoi Djaweb n'a pas payé sa dette ? Pourquoi on ne lui a pas coupé ses liens et ses abonnés ?” Continuant sur sa lancée, il a lâché qu'“on ne peut pas donner juste quelques jours à un opérateur de grande envergure. C'est clair qu'on veut nous abattre”. Un “on” qu'il n'a pas voulu “définir” se contentant de répondre à notre questionnement, en avançant : “Je ne sais pas”. En plus des dettes, le contentieux, toujours selon le patron de l'Eepad, est plus “vaste”. Il en a cité essentiellement deux : la double facturation et les coupures “trop fréquentes” que AT devrait payer à l'opérateur. Le P-DG reviendra ainsi sur l'article 6 de la convention commerciale qui lie les deux parties dans lequel il est indiqué que “toute coupure engendrant la non-disponibilité du service ADSL aux abonnés et dépassant les 3 heures étant compensée par l'opérateur VoIP à hauteur d'une journée d'abonnement supplémentaire offerte à chaque client ayant subi le préjudice. De ce fait, Algérie Télécom s'obligera à compenser les coupures affectant les clients de l'opérateur VoIP par un dédommagement à titre gracieux équivalent à une journée de mise à la disposition du ou des lien(s) concerné(s)”. Un “atout” que l'Eepad compte bien utiliser pour défendre ses thèses. “Des saisines ont été déposées auprès de l'ARPT (Autorité de régulation de la poste et des télécommunications, ndlr) en novembre et décembre derniers pour régler ce problème définitivement”, nous a affirmé M. Harzallah pour qui la solution est dans ce qu'il appelle un partenariat public-privé entre les deux protagonistes. “C'est notre proposition adressée à Algérie Télécom sous l'arbitrage de l'ARPT qui, le 13 avril, nous a répondu sur la recevabilité de notre plainte. Le 14 avril, on a signé des accords avec l'autre partie en mettant en place un échéancier de paiement tout en demandant l'installation d'un comité de pilotage”. Tout compte fait, et selon le tableau de l'échéancier (signé par le représentant de AT, Faouzi Derras, directeur de la tarification facturation et recouvrement, et le représentant de la direction générale du provider, K. Koliaï) qui nous a été remis, entre mai 2009 et décembre 2009, l'Eepad devra payer 50 millions de dinars chaque mois alors que de janvier 2010 jusqu'en juillet 2011, ce seront 100 millions de dinars mensuellement. M. Harzallah a souligné qu'il va le respecter avant de conclure : “La fermeture de l'Eepad n'arrangera personne.” Salim Koudil