Je vous raconte l'histoire des cafés. “Que ce soit en Orient ou ensuite en Occident, les cafés ont abrité les hommes de lettres et demeurent le lieu stratégique dans la vie culturelle, sociale et politique de la cité.” Et vite, le café, en tant qu'espace de fascination, est introduit dans la littérature, comme dans la peinture, le cinéma et la philosophie. En 1750, Goldoni écrit sa comédie La Bottega del Caffé. Vivaldi était, lui aussi, emporté par le charme des cafés. Puis Voltaire écrit sa pièce satirique et polémique : Le Café ou l'Ecossaise. Et beaucoup d'autres, des célébrités (des poètes, des romanciers, des peintres, des philosophes, des cinéastes) ont été enchantées par l'ambiance des cafés.Il n'y a pas de cité sans café. Je vous parle des cafés ! Les belles et immortelles terrasses de café, avec leurs serveurs élégants, souriants et courtois. Dans ces espaces merveilleux, jadis, les soirs charmants nous berçaient entre le rêve de la poésie et le réel dur de la politique. Sur ces belles terrasses, d'un côté, les poètes ramassaient les débris de leur jour, et le feu de leur âme. Et, de l'autre, les politiques tissaient leurs roueries. Les lieux et les femmes, par excellence, sont le capital majeur du symbolique. Et les cafés sont les tatouages éternels de la mémoire collective d'une cité, d'un pays. Et parce que les cafés, à l'image de l'être humain, ont l'âme et ils ont la vie. Donc, il est interdit de les tuer ou de les violer. Je vous parle des cafés.Il était une fois le café ! Et l'arôme du café aussi ! S'installer sur une terrasse d'un café, dans un quartier d'Alger ou d'Oran, de Constantine ou de Tlemcen, d'Annaba ou de Béjaïa était un moment majestueux et enchanteur. Au commencement, racontent les historiens du café, la boisson noire était maudite et prohibée. Les Turcs interdisaient la consommation du café. Boire une tasse de café était, aux yeux des orthodoxes islamiques, un péché. On punit pour avoir siroté une tasse de café. Le café fut l'équivalent de la tentation. Ainsi, le poète rebelle Rimbaud était fier d'appartenir aux contrebandiers du Moka, célèbre café yéménite, de la poudre, d'arme, de la traite et de la drogue ! Le café ou la tentation ! Mais voilà, quelques décennies passées, et les choses ont changé. L'interdit est tombé. Ainsi, les cafés sont devenus des lieux de culture, des espaces politiques, des carrefours pour les rencontres humaines. Les cafés pour lire un livre, un journal, écrire un texte, se lire un texte, regarder le soleil, dessiner un nuage… Les cafés c'est aussi pour jouer aux cartes andalouses, pour s'informer de tout ce qui se passe dans la ville, dans le village. S'échanger les nouvelles sur les femmes, sur la politique, sur les coiffeurs, sur les livres, sur la mode… Le café fut un refuge pour l'étranger, une clé primordiale pour accéder aux portes des villes intrigantes et vagues, un point de départ, de retour, une référence. Le havre. Pour supporter son club préféré de foot. Pour écouter Dahmane El Harrachi, Rénette l'Oranaise, Mohamed Abdelwahab ou Oum Kalsoum… *A suivre [email protected]