Initiative n Un espace culturel – permettant aux intellectuels et aux artistes de se réunir et de discuter avec le public de questions littéraires et de problématiques philosophiques ou encore des préoccupations artistiques – a été créé. Il s'agit de l'Ilelettrée, un café littéraire – sis à la rue Ahmed-Zabana – crée par Sid Ali Sekhri, libraire et éditeur. «En vérité, tout projet a une origine, ça ne vient pas spontanément», dit-il à propos de la raison qui l'a motivé à créer un café littéraire. Et de poursuivre : «L'idée est venue du fait que je suis libraire et éditeur, du fait que l'espace de la librairie est petit, voire modeste, donc tout ce que je fais dans ce café, je ne pourrais pas le faire là-bas, dans ma librairie. Mon but est de favoriser la discussion et d'engager des débats autour du livre et autres idées relevant de l'art et de la culture.» «Il s'agit aussi d'un concept nouveau en Algérie : je me suis dit alors pourquoi ne pas tenter l'expérience et organiser des rencontres régulières et des débats en permanence.» Le café littéraire est un espace commercial, les consommations sont payantes. On peut siroter un café, un thé et d'autres boissons et discuter en même temps de l'art et de la culture. «Cet espace est ouvert à tous et se veut accueillant», dit-il. Et de souligner : «Les discussions se font dans une ambiance conviviale et décontractée.» Sid Ali Sekhri dira ensuite, à propos de ce café littéraire : «Je retrouve dans cet espace l'ambiance de mon adolescence, de mon quartier à Bab-el-Oued. À la différence des espaces que je fréquentais, c'est que j'y ai ajouté ma touche personnelle, en y introduisant les livres.» Sid Ali Sekhri explique qu'il fréquentait, lorsqu'il était adolescent, des cercles et des cafés où les gens discutaient du sport (football) ou du chaâbi, d'où l'idée d'ailleurs d'en créer un orienté vers les livres. Plus tard, Sid Ali Sekhri, pour qui un café littéraire est un concept banal à l'étranger, déplore que ce genre d'espace n'existe vraiment pas en Algérie, et ce, contrairement à nos voisins, notamment Marocains, où «Fez est devenue une ville des cercles et cafés littéraires», dit-il. Il souligne encore : «Chez nos voisins et ailleurs, même dans le reste du monde arabe, ce genre d'espace se développe de plus en plus. Cependant, l'avantage chez-nous c'est qu'il y a plus de liberté d'expression. Ce qu'il faut savoir, explique-t-il, c'est que les cafés littéraires sont liés à l'évolution de la démocratie.» Ce café littéraire, qui est une initiative personnelle, draine, chaque jour, une assistance nombreuse. «Il y a, en effet, énormément de monde, et ce qui est surprenant c'est que les gens s'y intéressent davantage et demandent plus de débats. Ils sont assoiffés de rencontres et de discussions», fait-il savoir. Seul café offrant pareille prestation sur la place d'Alger, cet espace, qui abrite également des expositions de peinture et des projections vidéo, est doté d'une bibliothèque. «C'est une bibliothèque qui contient 800 titres, et j'envisage de l'étendre à 2 500 titres», indique-t-il. Et de préciser : «Le public a libre accès à la bibliothèque». l Le café littéraire que dirige Sid Ali Sekhri assure diverses animations : le samedi est consacré à la présentation d'un livre, le dimanche à une lecture libre (poèmes ou autres textes), le lundi à donner la parole à un acteur de la profession du livre, le mardi est consacré à une rencontre avec le représentant d'un métier (architecte, journaliste…), le mercredi à un débat philosophique et le jeudi est consacré à une discussion autour de l'histoire. Sid Ali Sekhri, qui associe à ces différentes rencontres et discussions élèves et étudiants, précise : «Ce café est pareil aux autres cafés : j'ouvre à 7h 30, il y a toutes sortes de consommations, c'est un café accueillant, convivial.» S'exprimant sur l'objectif de cet espace, il dira : «C'est uniquement pour me faire plaisir, et ce, en rencontrant des gens pour discuter avec eux de livres, de tout ce qui touche à l'art et à la culture, mais aussi faire plaisir à ceux qui aiment en parler.» «Ainsi, ce café littéraire, qui est ouvert à tous ceux qui veulent animer un débat, est l'initiative d'un citoyen qui a mis la main à la poche pour financer ce projet», dira Sid Ali Sekhri. Et d'ajouter : «C'est un acte citoyen, un café citoyen à tendance littéraire. Il apporte une valeur ajoutée au quartier de la ville d'Alger, il propose des services culturels. C'est un travail de proximité.» Un café littéraire est important parce qu'il se révèle «un lieu de la diffusion du savoir et la promotion du livre. Il est le foisonnement des idées», souligne-t-il. Sid Ali Sekhri, qui se dit être à l'écoute des gens et de leurs suggestions pour améliorer ce concept, confiera : «J'aime le beau, et cette sensibilité je tiens à la partager avec le monde qu'accueille mon espace, surtout avec les jeunes que j'attire et implique alors dans le débat et l'apprentissage à la réflexion.»