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Londres, l'exil sans dorure des journalistes algériens
Loin de Doha, de Dubaï et d'Abu Dhabi
Publié dans Liberté le 21 - 05 - 2009

Classée pendant longtemps comme la capitale des médias arabes, avant d'être détrônée par les mégapoles du Golfe, Londres était une destination de prédilection pour les journalistes algériens, d'expression arabophone. Comment s'est effectué leur atterrissage en terre victorienne ? Ont-ils tous réussi à relancer leur carrière ? Pourquoi beaucoup d'entre eux n'ont pas rejoint leurs compatriotes dans les pays du Golfe où l'argent coule
à flots ? Itinéraires.
Le service arabe de la BBC (British Brodcasting Channel) a pris ses quartiers dans un immeuble en verre flambant neuf, miroitant au milieu de bâtiments victoriens, à quelques pas d'Oxford Circus, les Champs-Elysées de Londres. L'hiver dernier, la nouvelle chaîne d'information du colosse audio-visuel britannique, a achevé une campagne de recrutement en direction des journalistes arabophones. Trois Algériens ont passé avec succès les épreuves draconiennes de sélection. Kamel Souiad figure sur la liste des 100 candidats retenus. Sa familiarité avec l'écran et les langues d'El-Moutanabi et de Shakespeare, l'a propulsé au rang de Senior Brodcaster, rédacteur en chef, chargé de la conception et de la réalisation des programmes.
La recrue de la BBC décline son titre avec une modestie sincère. Très peu loquace sur son parcours et sur les déconvenues qui lui ont fait prendre des détours, Kamel avoue néanmoins qu'il n'était pas journaliste en arrivant à Londres dans les années 1990. À l'opposé des essaims de reporters chevronnés de l'“Unique” qui se pressaient devant les bureaux de MBC and Co, il débarque dans la capitale britannique, avec comme unique bagage une licence de littérature anglaise. Et vogue la galère ! Avant de se frayer une place au soleil et exercer le métier de ses rêves, il se démène comme il peut dans le brouillard de Londres, en multipliant les petits boulots et en prenant des cours du soir.
La chance lui sourit enfin, quand il fait son entrée à la télévision koweitienne où il accomplit son baptême du feu en qualité de correspondant à Londres. Débute alors une ascension lente mais sûre. Kamel rejoint le bureau d'Al-Jazeera, puis ANN (Arab News Network), la chaîne d'information à capitaux syriens, où de nombreux autres journalistes algériens font un crochet, avant qu'elle ne décline et soit contrainte de dégraisser sa rédaction. Kamel de son côté poursuit ses pérégrinations dans le monde des médias. Ultime escale avant son entrée à la BBC, le Financial Times. Ce passage, à coup sûr, a rehaussé la qualité de son CV, au cours de son recrutement par le network anglais. Pour étoffer ses équipes, le service arabe de la BBC a élargi son avis de recrutement aux journalistes résidant hors des frontières de la Grande-Bretagne. Des Syriens, des Egyptiens et des Libanais forment l'essentiel des candidats retenus. “Les Algériens ne savent pas se vendre”, déplore Kamel. En d'autres termes, ils manquent d'exubérance dans la mise en valeur de leurs compétences. Mais ceci n'est pas l'unique raison. Les journalistes du Moyen-Orient, contrairement à leurs confrères algériens, se constituent en véritables lobbies. Ils sont très solidaires. Par ailleurs, ils jouissent d'une certaine légitimité historique.
Avant l'exode des années 1990, un seul journaliste algérien, Mohamed Salah Sid, faisait office de précurseur. Il a passé trois décennies à la radio arabe de la BBC. Dans certains médias, “la préférence nationale” est hissée en véritable critère de recrutement. A. Iskander, directeur de la rédaction d'El Hayat, quotidien à capital saoudien, dirigé par des Libanais, ne s'en cache pas. “Nous choisissons les meilleurs de nos journalistes à Beyrouth et nous les ramenons ici.” Fait inédit, au début des années 2000, une télévision algérienne privée ouvre des locaux à Londres. L'ensemble des journalistes algériens Outre-Manche se précipite à Khalifa TV, filiale audiovisuelle de l'empire éponyme. Mais l'aventure tourne court. Le colosse aux pieds d'argile s'effondre.
Dans sa chute, il emporte les espoirs des exilés de la plume et du micro. Ancien présentateur vedette du JT de 20 heures de l'ENTV, Ali Oudjana s'est obstiné, quant à lui, à suivre Moumen Khalifa dans ses équipées aveugles, en devenant le porte-voix d'une féroce propagande durant la fiévreuse campagne électorale pour la présidentielle de 2004. Depuis, il a posé ses valises à BBC Radio. Mais beaucoup n'ont pas eu cette chance et ont dû faire des adieux à leur carrière.
La délocalisation de certaines TV et journaux au Proche-Orient et dans le Golfe n'arrange pas les choses. Réputée comme étant la capitale des médias arabes, Londres perd, peu à peu, cette distinction au profit de Dubaï, Abu Dhabi et Doha où des stars du petit écran culminent, dont des transfuges de l'“Unique”. “Je ne voulais pas vivre un nouvel exil”, confie pour sa part, Nabiha Ouatass. De la même génération que Khadidja Benguena, icône d'Al Jazeera, Nabiha a choisi de rester à Londres. El Hiwar TV, une chaîne détenue par des hommes d'affaires palestiniens, est son dernier point de chute. Avec un compatriote, Abdlefatah Bouakaz, elle a contribué à sa mise sur les rails. “Le public algérien me manque. Il a du goût”, concède la jeune femme d'une voix douce et nostalgique. El Hiwar TV est logé à l'ouest de Londres dans un building moderne et cossu. Pour se détendre, ses journalistes disposent d'une salle de billard et une autre de gymnastique. Abdelfatah Bouakaz s'improvise en guide. Il s'arrête dans la cafétéria pour faire le bilan de sa carrière. Son expérience professionnelle, très riche, se décline comme sur un CV, appuyé par des dates et des points forts. Rien pourtant ne prédestinait ce jeune homme de Skikda à une carrière de journaliste. Parti étudier la langue arabe et les sciences islamiques à Damas en Syrie, grâce à une bourse d'Etat, il choisi d'aller au Royaume-Uni une fois son cursus universitaire achevé. Après un bref passage dans une maison d'édition, en qualité de correcteur, il tente sa chance à El Moustakila où il s'exerce au métier de présentateur, rédacteur et monteur. Deux ans plus tard, il intègre ANN. Après avoir assuré 15 heures de direct lors de l'invasion américaine de l'Irak en 2003, il monte en grade et devient rédacteur en chef. “J'avais 30 ans et je dirigeais des personnes qui avaient deux fois mon âge”, relate Abdelfatah encore grisé par cette promotion. Sa carrière en dents de scie est ponctuée de moments de gloire et des phases de décrue. Les ennuis financiers de ANN le poussent vers la porte de sortie. Il se fait embaucher par London News, une boîte de production qui fait de la prestation de service pour des télés arabes. Sa couverture des attentats du 7 juillet 2005 plaît aux dirigeants d'El Alem, la chaîne satellitaire iranienne, qui lui proposent aussitôt le poste de correspondant dans la capitale britannique. 8 mois plus tard, il est un des premiers éléments de la rédaction de Hiwar TV. À la fois prudent et ambitieux, Abdelfatah vient de créer sa propre société de production, Pearls Media, spécialisée dans l'élaboration de programmes religieux pour les TV du Golfe. Par ailleurs, il entend organiser des sessions de formation pour des étudiants qui viendront de Syrie.
Cette mission lui fait pousser des ailes. Sans prétention aucune, il assure que les journalistes algériens sont capables du meilleur, quand ils ont l'occasion d'exprimer leur talent. Younes Slimani et Djamel-Eddine Taleb, rédacteurs au quotidien saoudien Chark El Awsat, partagent cet avis. Ils font valoir une très bonne connaissance des techniques du journalisme par leurs compatriotes et une éloquence sobre. Younes a appris le métier sur le tas. Rien ne le prédestinait à une carrière dans la presse. Diplômé de l'Ecole polytechnique en Algérie, il a opté pour des études en sciences politiques en arrivant au Royaume-Uni. Il compte parmi les effectifs de Chark El Awsat depuis 7 ans. Actuellement, il coordonne le travail des correspondants du Maghreb, dont l'Algérie. De son côté, Djamel-eddine Taleb, intervient dans la rubrique économique.
En Algérie, il était correspondant de presse à Annaba. Les deux hommes décrivent leurs conditions de travail comme agréables. Mais ils font la moue à l'évocation de leurs salaires. “Dans les médias arabes à Londres, on vous donne un salaire, tout en pensant au montant de celui que vous auriez pu toucher dans votre pays”, relate un reporter, amer. Cette comptabilité d'épicier ne semble pas être la spécificité des responsables des médias du Moyen-Orient. À la BBC, les journalistes du service arabe gagnent beaucoup moins que leurs confrères des chaînes anglaises.


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