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La gendarmerie s'attaque aux gangs de la côte est d'Alger
Immigration clandestine, prostitution, charlatanisme, escroquerie
Publié dans Liberté le 23 - 05 - 2009

Durant quarante-huit heures (lundi et mardi derniers), les éléments de la majorité des compagnies, relevant du groupement de la gendarmerie de la wilaya d'Alger, étaient mobilisés dans une grande opération coup-de-poing à travers les communes extra muros de la capitale. Une opération qui entre dans le cadre du dispositif mis en place par le commandement du corps de la Gendarmerie nationale, visant à assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens en s'attaquant aux noyaux durs de la criminalité sous toutes ses formes.
Sur 1 570 personnes identifiées, 44 sont gardées à vue dont 34 dans le cadre de l'immigration clandestine.
Les principales actions sont la saisie, à Bir-Mourad-Raïs, de 881 faux billets de 1 000 DA, d'un attentat à la pudeur avec coups et blessures volontaires et incitation de mineure à la débauche à Douéra, d'un attentat à la pudeur sur mineur à Zéralda, d'un vol qualifié et association de malfaiteurs à Baraki, du pillage du sable de mer à Rouiba, d'immigration clandestine à Dar El Beida dont les faits cachent un véritable drame social. On constate au vu de ces chiffres, au demeurant presque insignifiants, que la petite criminalité a nettement baissé ces dernières années. Pour le colonel Taïbi, commandant le groupement d'Alger, ce n'est guère le fruit du hasard mais d'une lutte sans relâche des corps chargés de la sécurité des citoyens et de leurs biens. “Toutefois, les résultats obtenus, bien qu'encourageants, ne nous permettent aucune baisse de vigilance. Bien au contraire, les moyens humains et matériels mobilisés dans la lutte contre la criminalité sous ses multifaces sont renouvelés et modernisés en fonction des besoins. C'est pour cela que nous ne cessons de dire que nos actions s'inscrivent dans le temps et dans l'espace”, commente-t-il. La sécurité routière, autre fléau et première cause de mortalité dans le pays, n'est pas en reste. Le durcissement du dispositif de pénalisation montre, si besoin est, que les moyens de dissuasion contribuent de façon satisfaisante à la diminution des accidents de la route. Durant les deux jours de l'opération en question, il a été enregistré 641 délits, 213 infractions et 1 230 amendes forfaitaires. En matière de coordination des transports, les mêmes services ont également enregistré 249 délits et 74 infractions. Sur 1012 véhicules identifiés, 49 ont été mis en fourrière alors qu'il a été procédé au retrait de 457 permis de conduire. À rappeler dans ce cadre que du 1er janvier au 17 mai de l'année en cours, 13 773 permis de conduire ont été retirés à leurs propriétaires et que sur 416 prélèvements d'Alcotest, 392 sont positifs. Tous les conducteurs mis en cause ont été présentés à la justice et écroués. 447 accidents de la circulation sont enregistrés contre 525 pour la même période de 2008, soit un écart négatif de 78 que le colonel Taïbi explique par “les moyens mis en place et l'occupation minutieuse et judicieuse du terrain à l'exemple du radar et de la prise de sang”. Concernant le volet relevant de la police judiciaire, les mêmes services ont procédé à la saisie de 475 kg de viande rouge et blanche, 2007 kg de légumes, 324 kg de fruits, 702 kg de casher, plus de 2300 pots de yaourt. Les saisies sont dues essentiellement au défaut de registre du commerce ou de facturation.
Sidi Driss, vive l'immigration clandestine
Ne vous fiez pas au nom et ne le cherchez surtout pas sur une carte. C'est peine perdue d'avance. En fait, Sidi Driss n'est qu'un petit quartier de Ben Merad, entre Bordj El-Bahri et Bordj El-Kiffan dans la circonscription de Dar El-Beïda. Ce quartier, semble être au bout du monde. Faire les quelque trois cents mètres qui le séparent de la route nationale relève d'une prouesse. Un véritable parcours du combattant. Et si en saison sèche, on a déjà toutes les peines du monde à traverser ce minuscule Tanezrouft, qu'en est-il l'hiver ? En tanguant dans les 4X4 nos pensées vont directement vers ces chérubins ou ces malheureux affaiblis, contraints par le destin à s'enfoncer dans la gadoue. À qui la faute ? Les élus qui ne voient plus rien depuis leur élection ? Les citoyens venus tenter l'aventure en espérant un toit plus décent ? Mais là c'est une autre histoire. Restons dans le vif du sujet concernant ce coin perdu dans la plus grande circonscription administrative de la capitale comptant plus de 500 000 habitants. Arrivée en force à Sidi Driss. La maison suspecte est cernée par les véhicules et les éléments de la gendarmerie. Après que le maÎtre des lieux eut pris connaissance de la perquisition signée par le procureur de la République, il s'efface devant l'entrée pour permettre aux gendarmes d'accomplir leur mission qui ne sera pas une sinécure. Il leur faudra une intervention musclée, assistée par des éléments de la section de sécurité et d'intervention, pour déloger une trentaine d'étrangers dont une dizaine de femmes, de différentes nationalités des pays de l'Afrique subsaharienne. Le commandant Yacine Azizi, commandant la compagnie territoriale de Dar El-Beïda, coordonne l'opération avec tact. Surtout pas de grabuge. Pour ces étrangers, dont la majorité circule avec des faux papiers, tout est prétexte pour créer la pagaille. La villa, un R+3 compte sept logements. Le propriétaire et sa famille occupent le rez-de-chaussée. Une partie des étages supérieurs est occupée par les étrangers et les fils du proprio.
Ce dernier est fier de dire qu'il est le père de 11 enfants. Par contre, il s'abstiendra de reconnaître qu'il est le premier responsable de la création d'un lieu de débauche dans sa propre demeure. L'homme, un escogriffe type Lombroso, loue depuis près d'une année plusieurs chambres à ces étrangers. Six, selon lui. Lors de la descente, il n'y en avait pas moins de 33 dont
3 bébés. Il déclare simplement ignorer leur activité et leur nombre. Les gendarmes lui expliquent que ses voisins se plaignent de lui, notamment du comportement de ses clients qui ne se gênent pas à transformer leurs chambres en lieux de rendez-vous galants. Pis, ils s'adonnent à la fabrication et au commerce de la drogue et y pratiquent le charlatanisme. L'un des voisins témoigne : “Nous lui avons parlé à ce sujet mais il nous a répondu méchamment en précisant qu'il est libre de faire chez lui ce que bon lui semble. Forts de cette réponse, les étrangers en question nous ont même menacés.” Le mis en cause explique à son tour qu'il est en règle : “Six étrangers m'ont demandé de leur louer des chambres. Etant donné que ma maison est grande et que les temps sont durs, je n'ai pas vu d'inconvénient. Je ne gère pas leur vie, je ne peux donc leur interdire d'avoir des visites. Sachez que tout le monde ici loue aux étrangers, pourquoi suis-je le seul à être perquisitionné ?” Sur ce dernier point, il semble que 12 autres familles louent à des étrangers. Néanmoins, le problème réside dans le fait que les agissements du mis en cause ont fait l'objet de plaintes de la part du voisinage. À l'intérieur de la maison, les chambres sont sens dessus dessous. Un vrai foutoir. La femme du propriétaire et une autre femme, probablement sa sœur, ne cessent de grommeler au sujet de ce coup de force. Les éléments du commandant Azizi fouillent la maison de fond en comble. Les objets suspects sont évacués sur-le-champ vers les véhicules pour leur transfert dans les laboratoires spécialisés. On remet au commandant un petit sachet de poudre blanche trouvé enfoui dans un paquet de farine. À première vue il s'agirait de cocaïne. En quelques minutes, il ne restait dans la maison que les deux femmes et une gamine. Les mis en cause sont embarqués à la brigade de Ben Merad pour être entendus. C'est la cohue. Nous profitons de ce moment pour une causette avec certains d'entre eux. Ils viennent du Mali, du Cameroun, du Niger, du Tchad par Bordj Badji Mokhtar, le fameux BBM témoin du passage de dizaines de milliers de migrants clandestins. Chacun y allant de sa version, on ne peut retenir que des bribes de vérité. Ils confient que l'Algérie n'est pour eux qu'un centre de transit. Mais sur leur manière de gagner leur vie, c'est le modus vivendi.
Des petits boulots. Les hommes travaillent chez des particuliers, les femmes restent pour la plupart à la maison. Du trafic de fausse monnaie, de la cybercriminalité, du charlatanisme motus et bouche cousue. Nous quittons les lieux, laissant les gendarmes occupés avec les dépositions dans un climat chauffé à bloc. Ces mêmes éléments avaient participé dans la matinée à une opération coup-de-poing contre le marché informel de Bateau cassé dans la commune de Bordj El-Kiffan et la vente sur la voie publique au niveau du quartier commerçant d'El-Hamiz. Des dizaines de commerçants ont été verbalisés et sommés de dégager leurs marchandises, du matériel encombrant posé sur les trottoirs jusqu'à la limite de la chaussée.
Le commandant Azizi précise à cet effet que ses prérogatives se limitent à contrôler la conformité du registre du commerce et de faire dégager la voie publique. Les mesures dissuasives et coercitives restent du domaine des autorités locales. Clair comme de l'eau de roche.


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