Selon les participants, l'accès des femmes au monde de l'entreprise reste très limité, que ce soit dans les pays riches ou en développement. Leur participation à la vie politique est encore plus dérisoire. C'est un constat avéré maintenant. Les filles réussissent mieux que les garçons dans leur scolarité. Mais leur accès au monde du travail, de l'entreprise, de la politique et aux postes de responsabilité reste encore très limité. Contre toute attente, cette réalité assez navrante n'est pas propre aux pays en développement mais s'étend aux Etats riches. Lors d'une conférence à Londres, mercredi et jeudi derniers, sur les femmes et le monde des affaires, les participantes ont été unanimes à affirmer que la discrimination à l'égard du sexe faible, dans les secteurs de l'emploi et de la politique, n'a pas de frontières. La rencontre, organisée par Women and Business International, une ONG spécialisée dans la promotion de l'entreprenariat féminin, notamment en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (Mena), et Trade and Investment — agence pour le commerce et les investissements à l'étranger, dépendante du Foreign Office —, était rehaussée par la présence de membres du gouvernement et du Parlement britanniques, de ministres de certains Etats de la région Mena, de diplomates, de responsables d'organisations internationales, comme la Banque mondiale, ainsi que de délégations de femmes d'affaires représentant une quinzaine de pays. Une femme entrepreneur dans le secteur de l'informatique devait représenter l'Algérie. Mais, elle est restée inaperçue. Selon les statistiques présentées par Naderah Chamlou, conseillère à la Banque mondiale pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, chargée des études sur le genre, notre pays occupe une place très honorable en matière de scolarisation des filles. Il surclasse de nombreux Etats de la région. Dans l'enseignement supérieur, les étudiantes sont très nombreuses à investir les filières scientifiques. À la fin de leurs études, pourtant, beaucoup n'entrent pas systématiquement dans le monde du travail. Dans ce domaine, les scores enregistrés par l'Algérie sont encore loin d'être élogieux. Un cocktail de raisons socioéconomiques, comme le chômage ou la maternité, compromettent les carrières professionnelles des femmes. Leur implication dans le monde des affaires est également dérisoire. Un recensement réalisé par la Banque mondiale sur le nombre des entreprises dirigées par les femmes dans huit pays de la région Mena, dont l'Algérie, a fait ressortir une proportion assez faible (13%) sur l'ensemble des sociétés existantes. Ce qui est dommage car, selon Mme Chamlou, les femmes patrons sont plus enclines à confier des postes de responsabilité aux membres féminins de leur staff. Au sein des entreprises recensées (60 000), ce taux atteint 44% chez les femmes patrons contre 4% auprès de leurs homologues masculins. Dans un pays comme le Royaume-Uni, l'assistance a été étonnée d'apprendre que l'implication des femmes dans le monde des affaires est également très timide. D'après Maria Eagle, députée et vice-ministre chargée de la Question féminine et de l'Egalité entre les sexes, 13% seulement des petites et moyennes entreprises existantes sont dirigées par des femmes. En Grande-Bretagne, les disparités salariales sont également un des plus grands indicateurs des discriminations entre les deux sexes. À travail égal, les femmes perçoivent une paye inférieure de 23% de celle de leurs collègues masculins. Dans le secteur de la finance, la différence atteint 44%. En politique, la parité reste aussi une ambition. Les femmes représentent 20% de la composante du Parlement britannique. Pour de nombreux pays, cependant, cette proportion est enviable. Les déléguées de l'Arabie Saoudite à la conférence savent ce qu'il en est. Dans cet Etat, les femmes sont privées du droit de vote. S. L.-K.