Il a refusé de signer le procès-verbal des “interdictions liées à sa condamnation”. Ali Benhadj, numéro deux du FIS dissous, a été remis en liberté, hier vers 8h00, par le tribunal militaire de Blida après avoir purgé une peine de douze ans de réclusion. Dans le même temps, son complice Abassi Madani a vu lever la mesure de “résidence surveillée” à laquelle il était astreint depuis août 1997. Ils avaient été arrêtés le 30 juin 1991 et condamnés, une année plus tard, pour “complot contre l'autorité de l'Etat, sabotage économique et distribution de tracts de nature à nuire à l'intérêt national”. Le tribunal militaire de Blida a toutefois signifié aux deux hommes qu'ils restent sous le coup d'une interdiction formelle de toute activité politique. Mais fidèle à son radicalisme obtus, Ali Benhadj s'est immédiatement distingué, et ce n'est pas fortuit, par un geste de désobéissance bien significatif. Contrairement à Madani, il a tout bonnement refusé de signer le procès-verbal de notification lui rappelant les interdits liés à sa condamnation. Selon un communiqué du procureur militaire près le tribunal, Benhadj est toujours exclu de toute fonction ou emploi supérieur de l'Etat, interdit de se porter candidat à une quelconque élection, d'être électeur ou de faire campagne. Comme Abassi, il est aussi interdit de “tenir réunion, de créer une association à caractère politique (ou autre), de s'affilier ou d'activer au sein de partis politiques en qualité de membre, dirigeant ou sympathisant”. Ils ont également “obligation de s'abstenir de quelque activité publique sous quelque forme que ce soit, directement ou par intermédiaire, par des déclarations, orale ou écrite, et de tout acte de nature à traduire une prise de position politique.” Ali Benhadj, âgé de 47 ans, ne s'est donc point gêné d'enfreindre la loi dès sa sortie de prison. Des gestes symboliques, il en a d'ailleurs fait dès hier. Il s'est ainsi rendu à la mosquée Ibn Badis, dans son quartier de Kouba, où, jadis, il enflammait les foules. Il a signifié aux quelques sympathisants de “tenir bon” et qu'il allait les revoir bientôt. Il a, par ailleurs, fait un court détour par le domicile de son (ex-)président. Ensuite, il est allé enquiquiner la télévision d'Etat, revendiquant un soi-disant droit de réponse à des informations datant d'avant son arrestation. Toutes ses activités sont censées être interdites ; elles témoignent de la volonté de Benhadj de regonfler déjà le moral de ses troupes. Abassi Madani, pour sa part, a adressé, lundi, une lettre “au peuple algérien”, demandant d'observer le calme et de ne rien organiser comme manifestation à la sortie de Benhadj de prison. L. B.