Soucieux de remettre de l'ordre dans la Françafrique après la crise consécutive à la tentative d'un magistrat de Paris de traîner en justice trois piliers africains des fameuses relations privilégiées entre le continent noire et son ex-puissance coloniale, le président français, Nicolas Sarkozy, a dépêché son Premier ministre, François Fillon sur le continent noir. Après que lui-même eut effectué un périple qui l'a conduit en mars de la République démocratique du Congo, au Congo-Brazzaville et au Niger, en mars dernier, c'est François Fillon qui s'est rendu au Cameroun et chez le géant aux pieds d'argile, le Nigeria. Il aura été surtout question d'accords de coopération militaire. Y compris avec la Nigeria dont le pétrole s'est révélé être un malheur avec l'apparition de mouvements sécessionnistes. À la grande satisfaction de marchands d'armes dont fait partie la France. Sarkozy, qui avait annoncé au début de son mandat, jeter à la poubelle la Françafrique en refondant totalement les relations entre son pays et le continent africain, est vite revenu à la ligne de conduite de ses prédécesseurs, De Gaulle Giscard, Mitterrand et Chirac. Au Cameroun, Fillon qui monte dans les sondages chez les Français, contrairement à Sarkozy, a signé une série d'accords bilatéraux, dont un de défense “nouvelle génération” qui prévoit un soutien logistique de la France à l'armée camerounaise. Une formule pour cacher l'engagement de protéger Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. La France le fait déjà ouvertement au Tchad et en Centrafrique. Dans ce pays, les accords avec la France sont dénoncés par l'opposition qui y voit un encouragement pour les dérives du pouvoir en place. Pour eux, la France ferme les yeux et cautionne la mal-gouvernance du pays. De nombreuses organisations, comme Amnesty International, critiquent le régime de Biya, qui restreint les libertés fondamentales des Camerounais. Au Nigeria, le Premier ministre français, outre la prospection pour la vente d'armes, devait essayer d'élargir la part de Total (10% actuellement). Mais le marché est entre les mains de la compagnie britannique BP et de ses branches américaines. Et pour convaincre, Fillon doit se rendre aujourd'hui dans le delta du Niger, cœur pétrolifère du pays, en proie à de nombreuses violences des indépendantistes du Mouvement pour l'émancipation du delta. Et encore une fois, il devrait y signer un accord attenant à une coopération militaire entre les deux pays.