Le quatrième Salon de la vache laitière que la daïra d'El-Madher se prépare à organiser, au mois de juin prochain, masque mal les grandes difficultés auxquelles l'élevage de la vache laitière fait face dans cette région. La filière n'est pas aussi florissante que certains discours essaient de la présenter si nous nous référons aux déclarations de certains éleveurs. Ces difficultés n'ont pas accru le bien-être tant financier que moral des éleveurs qui se sont engagés dans l'élevage bovin laitier. Les difficultés apparues dans les déclarations des éleveurs se résument aux points suivants : la cherté de l'alimentation du bétail, jugée par tous les éleveurs non seulement excessive mais ruineuse ou les insuffisances en matière de rationnement du bétail bovin, qui se répercutent négativement sur la production du lait, une dépendance flagrante de ces exploitations vis-à-vis des concentrés provenant de l'extérieur de la ferme, afin de combler l'insuffisance des fourragères, la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, le vieillissement des éleveurs qui n'arrivent plus à remplir leur devoir étant donné que l'activité demande des efforts colossaux et aussi la difficulté de ne pas pouvoir supporter l'astreinte quotidienne en termes de volume et de répétition. Un malaise du travail est exprimé dans les déclarations des éleveurs et certains éleveurs ont cessé leur activité pour l'une ou l'autre des difficultés évoquées. L'heure est à la disponibilité réelle des ressources alimentaires dans la projection des actions de développement, aux paramètres d'alimentation des vaches pour améliorer les performances et aussi à la concentration sur les hommes, pilotes réels des systèmes animaux dont ils assument la gestion. Les chargés du secteur de l'activité bovine laitière devraient également assurer aux éleveurs des formations dans le domaine des techniques de rationnement qui sont absentes du terrain, et ce, même dans les étables, qui continuent d'ignorer les différences entre les catégories de besoins du cheptel (énergie, azote, minéraux…). Mais l'action à ce niveau, la plus susceptible d'amener du progrès devra nécessairement intégrer à la base les réalités des éleveurs en grande partie illettrés et peu enclins à investir sur de nouvelles pratiques sans la garantie de succès rapides et de récupération de manques à gagner. La question de rentabilité est toujours évoquée dans les discussions des éleveurs dont certains pensent à cesser leur activité. “30 DA par litre, c'est peu eu égard aux dépenses (...) Les pertes sont plus élevées que ces gains. Moi, personnellement, j'ai tout vendu, je n'ai laissé qu'une vache pour assurer les besoins de ma famille en matière de lait”, nous confie Lakhdar Abdellah. Ces exploitations implantées sur les terres de la daïra d'El-Madher se distinguent par l'exiguïté des superficies et par les troupeaux bovins. L'alimentation du troupeau est déficiente pendant près de la moitié de l'année. Les exploitations sont celles qui sont dirigées par le propriétaire des lieux ou celles qui sont gérées par des ouvriers ou éleveurs salariés. Les limitations en terre et en capitaux empêchent leurs propriétaires de procéder à leur extension. Le rendement laitier est très loin des niveaux atteints par des éleveurs spécialisées. Le cheptel bovin de la daïra d'El-Madher compte environ 2500 vaches (laitières, locales et améliorées).