S'il reconnaît que l'Algérie recèle beaucoup d'opportunités d'affaires, M. David D. Pearce, ambassadeur des Etats-Unis à Alger, trouve en revanche que bien des obstacles entravent l'investissement étranger. “Je pense qu'il y a beaucoup d'opportunités d'affaires en Algérie, mais il faut patienter un peu car il y a des problèmes de bureaucratie, un certain manque de transparence, une lenteur des procédures douanières, etc. La sécurité n'est pas vraiment le premier obstacle pour l'investissement. On a plutôt affaire à des obstacles pratiques”, a-t-il déclaré hier lors d'une table ronde tenue avec des journalistes au siège de son ambassade. Et de préciser : “Nos entreprises ont le choix de s'installer en Algérie ou ailleurs. Ce n'est pas une décision politique, mais une affaire de business et de commerce. S'ils hésitent, c'est à cause du climat d'affaires.” En bon diplomate, M. Pearce a nuancé quelque peu son appréciation en assurant que beaucoup de compagnies américaines travaillent en Algérie. Mieux, il dit faire tout pour encourager les contacts commerciaux entre les hommes d'affaires des deux pays et encourager les entreprises américaines à investir en Algérie. Ne se contentant pas de constat, M. Pearce a annoncé quelques bonnes nouvelles comme la conclusion prochaine du contrat sur l'ouverture d'une ligne aérienne entre Alger et New York. “C'est en très bonne voie. Les négociations ont buté sur un petit problème de poste. Mais je suis optimiste. Le gouvernement algérien a l'intention de conclure au plus vite cet accord”, assure-t-il. L'accord douanier et celui relatif à la coopération judiciaire seront eux aussi bientôt conclus. Pour ce qui est des mesures prises par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à l'égard des entreprises étrangères, le diplomate américain est loin de nourrir une quelconque inquiétude. “C'est vrai que cela a créé quelques confusions auprès des Européens et Américains. Mais je suis sûr que le gouvernement algérien a l'intention de clarifier les choses”, a-t-il expliqué. Côté coopération militaire, M. Pearce la trouve excellente. Pourquoi alors la tiédeur des Américains à vendre des armes aux Algériens pour mieux faire face à la menace terroriste ? “Le problème ne se pose pas à notre niveau. En matière de vente d'armes, nous avons des règles concernant par exemple le contrôle de l'utilisation de l'armement vendu. Ces règles sont les mêmes pour tout le monde (les pays européens, Israël, Arabie Saoudite,…). Il se trouve que ces règles ont créé certaines hésitations ici. Mais si les Algériens sont intéressés pour notre armement, nous sommes disposés à en discuter”, rétorque M. Pearce, tout en soulignant que la coopération militaire ne se limite pas à la vente d'armes. Concernant la donne sécuritaire dans la région du Sahel, le diplomate américain a soutenu que cette question préoccupe tous les gouvernements des pays de la région. “La sécurité dans cette région revient avant tout aux pays de la région. Nous, nous ne pouvons qu'assister un quelconque pays si, bien sûr, il nous sollicite”, a-t-il indiqué. Et de préciser : “C'est une région très vaste et difficile à contrôler. La solution est la coopération régionale.” Pour ce qui est du problème du Sahara occidental, M. Pearce estime que trouver une solution à ce problème est dans l'intérêt de la région. “Après tant d'années de difficultés et de statu quo, ce n'est pas facile en ce moment de faire des progrès. Il faut laisser du temps à M. Christopher Ross pour travailler. Ce serait mieux si on évite de faire des déclarations qui peuvent lui compliquer la tâche”, soutient-il. Pour lui, l'Algérie et le Maroc ne sont pas des ennemis et peuvent faire beaucoup de choses ensemble.