Pour le professeur Khiati, il s'agit de mettre en pratique une nouvelle approche qui associe les enfants en difficulté à travers plus de communication et d'écoute. Le phénomène de la toxicomanie, de la harga et le travail des enfants sont des problèmes que compte prendre en charge la Forem. “Nous avons formé des éducateurs de quartiers pratiquement dans toutes les wilayas pour être à l'écoute de ces jeunes. Aujourd'hui, il faudra réfléchir à la réinsertion des jeunes harragas et à la dépénalisation de ces derniers. Ils ont besoin d'aide et pour cela, il est temps de mettre en place un dispositif de communication et de les associer aux décisions les concernant. Nous avons toutes les possibilités chez nous pour résoudre ces problèmes. Nos jeunes ont besoin d'aide pour trouver un emploi, les accompagner avec un appui financier et un soutien moral”, proposera le président de la Forem. Selon encore ce dernier, “nous ne pouvons régler le problème de ces jeunes par la répression. Par contre, ils veulent une prise en charge et des mesures concrètes à long terme avec un suivi par les pouvoirs publics ou la société civile. Pourquoi ne pas ouvrir les piscines et les stades de proximité pour gérer le temps libre de ces jeunes ?” Le Pr Khiati soulignera que ces jeunes ont rompu avec tout ce qui est Pouvoir. “Il faut une remise en confiance et les autorités locales et nationales doivent adhérer à cela”, selon notre interlocuteur. Il soulignera également que l'association a un programme concernant les femmes avec enfants en difficultés. “La société civile doit s'impliquer dans ce programme et l'Etat doit appuyer ce genre d'activité.” Il s'agit de la réalisation d'un centre d'aide à ces femmes en leur donnant une formation artisanale et une assistance à la scolarisation de leurs enfants. L'association projette aussi la prise en charge des orphelins. “C'est un projet en cours qui concerne 2 000 enfants orphelins. Nous essayons de leur trouver des parrains qui donneront chacun 1 euro/jour, ce qui fait 3 000 DA par mois. Nous avons sollicité des écoles, des mosquées, des éducateurs et des APC qui peuvent nous informer sur les orphelins et évaluer leur situation financière. Les trois quarts de ces dons sont offerts par des associations étrangères” , nous informera le Dr Mostefa, sans oublier de revenir sur les raisons qui ont aidé à la création de la Forem. “Nous avons constaté qu'en Algérie, il existe de graves atteintes aux droits de l'enfant et qui ne sont pas systématiquement mesurées, car la société civile et les pouvoirs publics n'ont pas mis en place suffisamment d'instruments d'évaluation de la situation des enfants”, nous expliquera le Pr Mostefa Khiati. Selon ce médecin en pédiatrie, la fondation a été créée dans les années 1990 pour répondre à un besoin urgent en matière de prise en charge des enfants traumatisés par le terrorisme. “Des milliers d'enfants sont traumatisés par la violence. Afin de les prendre en charge, la première des choses à laquelle nous avons pensé est la création d'un laboratoire des droits de l'enfant en 2005 et la mise en place de la ligne téléphonique verte 15/55”, nous expliquera-t-il. Il est à souligner que la création de l'ODE s'est concrétisée grâce au concours financier de la Commission européenne qui a bien voulu apporter son soutien au démarrage de cette importante institution de protection des droits des enfants abandonnés, maltraités, malades et handicapés. Ce laboratoire traite aussi des problèmes relatifs aux enfants traumatisés par la violence, aux enfants de la rue, à la délinquance juvénile, aux enfants et la drogue et la ségrégation envers les filles. “L'ODE se veut l'écho des souffrances de nos enfants mais également un moyen de sensibilisation des décideurs en particulier et des citoyens en général. Afin d'évaluer l'ampleur des différentes atteintes aux droits de l'enfant, d'identifier les causes et origines de la mise en situation de vulnérabilité de ces enfants et de déterminer avec plus d'exactitude et proposer les mesures propres à mettre fin à des situations intolérables, des études et enquêtes seront lancées par l'ODE grâce au soutien de centaines de bénévoles de la Forem, au personnel des différents centres de soutien psychosocial de la Forem ainsi qu'à la mobilisation de certaines associations locales ou nationales. Néanmoins, toutes les ONG activant dans le domaine des droits de l'enfant seront sollicitées pour participer à ces études car elles sont considérées comme partie prenante de l'Observatoire”. F. A.