En plein débat sur les questions de mémoire ou encore le report de la visite en France du président de la République, Ziari a affirmé que la “repentance” n'était pas à l'ordre du jour. De manière un peu inattendue, ce sont les sujets économiques qui ont dominé la visite à Paris du président de l'Assemblée nationale dans le cadre de la mise en place de la grande commission interparlementaire. “La priorité de l'Algérie, c'est le développement. Notre préoccupation stratégique, c'est la diversification de l'économie nationale pour la rendre moins dépendante des hydrocarbures”, s'est justifié Abdelaziz Ziari, lors d'une conférence de presse clôturant la visite. En plein débat sur les questions de mémoire ou encore le report de la visite en France du président Bouteflika, M. Ziari a affirmé que la “repentance” n'était pas à l'ordre du jour. “Nous avons pensé qu'il fallait parler d'avenir et des perspectives économiques parce que les jeunes sont touchés par le problème de l'emploi et du logement”. Quant à la visite de M. Bouteflika, elle n'a jamais été officiellement programmée pour le mois prochain, a répété le président de l'APN. Les questions politiques ainsi éludées, c'est donc un appel qui a été lancé à la France pour prendre sa part dans le développement de l'Algérie qui ont des “relations d'une diversité et d'une densité exceptionnelles concernant tous les aspects de l'activité politique, économique, sociale et culturelle”, a dit M. Ziari, dans son discours. “Chacun de nos deux pays est, en effet, un partenaire majeur pour l'autre”, a-t-il encore affirmé rappelant que “le dynamisme de nos échanges commerciaux, qui connaissent actuellement une croissance soutenue, à la faveur des programmes de développement lancés par l'Algérie, doit beaucoup à la composante humaine de nos rapports”, dont une importante communauté algérienne en France. Pour illustrer le chemin parcouru par l'Algérie ces dernières années, M. Ziari a rappelé ce qu'était le pays à la fin des années 1980 et durant les années 1990 : une situation sécuritaire dramatique ; un niveau de chômage affectant plus de 35% de la population active ; une dette extérieure qui atteignait 60% du PIB, et dont le service absorbait plus de 80% des recettes d'exportations ; une récession drastique, un niveau d'inflation qui dépassait les 30%, etc. Conséquences : une paupérisation de larges couches sociales ; la faillite de milliers d'entreprises ; la suppression de plus de 500 000 emplois. Une crise que l'Algérie a affrontée “seule et avec ses propres moyens”. Ce rappel a, en fait, servi à mettre en relief le bilan des deux quinquennats de M. Bouteflika. “Désormais stabilisé et amélioré, le cadre macroéconomique a favorisé durant les dix dernières années une croissance soutenue et qui se maintiendra en dépit des difficultés de la conjoncture internationale. De 60% en 1999, le stock de la dette est descendu à 2,5% du PIB, lequel a été multiplié par 3,5 depuis. Les réserves de change atteignent aujourd'hui 150 milliards de dollars, tandis que le Fonds de régulation des recettes, avec 50 milliards de dollars disponibles, permet à l'économie algérienne de résister aux fluctuations de nos ressources externes et de poursuivre sa croissance”. Les défis persistent qui imposent de poursuivre la lutte contre le chômage, d'améliorer les performances de l'appareil de production et de diversifier une économie trop dépendante des hydrocarbures. Grâce au dialogue désormais établi entre les Assemblées, les élus des deux pays peuvent contribuer à la recherche des voies de coopération avec la mise en place de la grande commission parlementaire. Ce type de commission est assez rare. La France en compte une avec la Russie et une autre avec le Québec. Une troisième est en voie de constitution avec la Chine. À Paris, la commission algéro-française a rédigé son règlement intérieur. Elle tiendra sa première réunion à Alger. Avant la fin de l'année. A. O.