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“Chez nous, l'islam n'est pas incompatible avec la démocratie” Le président du Conseil populaire consultatif d'Indonésie, M. Hidayet Nour Wahid, à Liberté
Dans cet entretien réalisé à l'issue d'une conférence animée samedi au siège du journal Ech Chaâb, le président du Conseil consultatif d'Indonésie revient dans le détail sur l'idée maîtresse qu'il a développée lors de son intervention. Il explique notamment cette particularité de l'islamisme en Indonésie qui ne s'inscrit pas contre les valeurs universelles de démocratie, de modernité et de laïcité. Liberté : Dans votre exposé sur l'expérience indonésienne, vous avez soutenu que l'islamisme ne s'est pas inscrit en faux des valeurs démocratiques dans votre pays, contrairement à certains pays arabo-musulmans où ce courant s'est distingué par sa radicalisation et dans certains cas, a même versé dans la violence. Comment expliquez-vous cet état de fait ? M. Hidayet Nour Wahid : En Indonésie, il existe une réalité historique par rapport à cette question. Il n'y avait jamais eu confrontation entre le pouvoir et l'islam, ni entre partis islamistes et laïcs, car toutes les forces politiques majeures de notre pays sont issues de la mouvance islamiste. À l'origine, il faut comprendre qu'il y a une complémentarité entre ce qui est islamiste et nationaliste, et ce, depuis le combat qu'a mené le peuple indonésien pour son indépendance pour faire face au communisme. Les Indonésiens ont compris que l'unité nationale est au-dessus de toute autre considération. Un seul pays, une seule langue nationale, car ces deux paramètres sont les seuls capables de cristalliser l'unité nationale, sachant qu'il existe 17 000 îles qui forment notre pays avec pas moins de 200 langues ethniques. Au fait, le seul dénominateur commun est l'islam. Cela dit, il y a la loi et la Constitution, et en Indonésie on respecte les institutions de l'Etat ; pour revenir à l'islamisme, la Constitution indonésienne et la loi régissant les partis politiques autorisent la création de partis de base islamiste. Pour ce qui est du terrorisme en relation avec certaines mouvances islamistes, cela est puni par la loi et la Constitution et en Indonésie, on résout ce genre de difficultés par la force de la loi. Nous aussi nous avons eu affaire au terrorisme, notamment lors des attentats de Bali, les responsables ont été sanctionnés et certains d'entres eux exécutés. Les USA et l'Australie nous ont demandé d'extrader l'un des inculpés qui a purgé une peine de prison, mais malgré cela il a été remis en liberté. Il s'agit en fait de la souveraineté de l'Etat et l'Indonésie a su gérer au mieux cette mauvaise période. Que pensez-vous de l'expérience algérienne dans le domaine de la démocratie, notamment le projet de la réconciliation nationale ? Ce que je pense, c'est que l'Algérie est en voie d'instaurer une réelle démocratie, mais cela nécessite du temps et il y aura forcément des hauts et des bas sur ce chemin, chose que je trouve naturelle. L'objectif est d'atteindre un meilleur niveau de démocratie proche des grandes démocraties existantes aujourd'hui. Car même les plus vieilles démocraties ont connu un chemin assez difficile avant d'en arriver à ce qu'elles sont aujourd'hui, c'est-à-dire des pays prospères et développés. Personnellement, depuis mon arrivée en Algérie sur invitation du Sénat, j'ai eu plusieurs discussions avec nombreux responsables politiques parmi lesquels le président du Sénat, le ministre des Affaires religieuses et le président du Haut-Conseil islamique. J'ai compris qu'il y a des objectifs sains visant le seul intérêt du peuple. Dans tous les pays, il existe des franges pas forcément d'accord avec la politique du gouvernement, mais pour tout Etat, la priorité vise à prendre en charge les requêtes de la majorité. Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que l'islam ne vise qu'une chose : l'union et la fraternité entre le peuple quelles que soient des divergences. Comment jugez-vous les relations économiques entre l'Indonésie et l'Algérie et quelles sont leurs perspectives ? Je dirai que les relations économiques entre nos deux pays sont excellentes et solides, notamment dans le domaine des investissements et du commerce. Ce qui nous pousse à avoir un partenariat des plus forts. Il faut savoir que l'Indonésie est impliquée à plus d'un titre dans l'immense projet qu'est la Grande-Mosquée d'Alger et je vous le dis, on est fier de notre participation dès lors qu'il s'agit de faire profiter l'Algérie de notre expérience dans ce domaine. Il y a aussi des intérêts commerciaux, savez-vous que la datte algérienne inonde chaque année le marché indonésien surtout lors du mois sacré du Ramadhan. Toutefois, ce que je n'ai pas compris et je l'ai d'ailleurs su au cours de ma visite à Alger que Deglet Nour made in Tunisia est à l'origine algérienne. Je vous le dis, je ne l'ai su qu'une fois en Algérie, j'ai toujours cru que c'était une datte tunisienne. Pourquoi elle n'est pas algérienne ? Nous sommes aussi présents dans le projet de l'autoroute Est-Ouest aux côtés des Japonais, ainsi que dans l'agriculture et faire aussi profiter l'Algérie de notre expérience en irrigation afin de permettre un minimum de perte en eau. C'est pour vous dire que notre partenariat est appelé à un lendemain meilleur. C. M.