L'après-Messaâdia a commencé. Bensalah pourrait en être le principal animateur. Dans un communiqué parvenu hier à L'Expression, M.Hadj Omar Mahdad, membre du Conseil de la nation du tiers présidentiel, s'est dit «stupéfait d'apprendre par les quotidiens les déclarations données aux publications que Monsieur Abdelkader Bensalah a démissionné de son poste de député pour prétendre au poste de président du Conseil de la nation». S'appuyant sur les articles 6 et 7 du règlement intérieur de cette institution, et affirmant que «jusqu'à preuve du contraire, aucune information officielle ne nous est parvenue que Monsieur Bensalah est membre du Conseil de la Nation pour prétendre devenir son président», ce sénateur n'a pas hésité à remarquer qu' «aucun pays ni aucune démocratie n'ont vu un député élu par le peuple démissionner de son poste pour prétendre sans équivoque au poste de président d'une autre institution». Autrement dit, l'après Messaâdia a bel et bien commencé au sein de la deuxième Chambre du Parlement et il semble indiquer qu'Abdelkader Bensalah en sera le principal animateur. Selon des informations émanant des milieux de la presse nationale, et même de sources proches de lui, il serait inscrit sur la liste des prétendants à la présidence du Sénat. S'il est désigné à cette responsabilité, il comblera le poste laissé vacant par feu Mohamed Chérif Messaâdia décédé au début de ce mois à la suite d'une longue maladie. Une multitude de noms de personnalités politiques circule d'ores et déjà sur le futur président de la deuxième institution du pays après la présidence de la République. D'ailleurs, tout le monde attend la réunion programmée pour demain des membres de la Chambre haute en séance plénière au Palais Zighoud-Youcef pour constater justement la vacance de ce poste. Il s'agira alors, pour les observateurs et les analystes, d'avoir une idée précise sur les réelles chances des différents prétendants à la succession de Messaâdia. Toujours est-il, qu'en prétendant qu'il est pour ce poste, Abdelkader Bensalah a déjà renoncé à son mandat de député obtenu difficilement sur la liste de son parti le RND à Oran à l'issue du scrutin législatif du 30 mai dernier. Le bureau de l'APN, réuni sous la présidence de M.Karim Younès, a accepté, hier, la démission de Bensalah en tant que député de ce parti (circonscription d'Oran) au sein de l'Assemblée. Certaines sources avancent même que Bensalah aurait déjà rencontré à la fin de la semaine dernière l'actuel président de l'APN Karim Younès pour régler les détails de sa démission. C'est pourquoi, expliquent ces sources, il a décliné l'offre de prendre la relève d'Ouyahia à la tête du RND miné par des luttes intestines et au bord de l'implosion. En fait, dès à présent, et commentant ces supputations de presse, des milieux de la direction du RND considèrent cette éventuelle désignation d'un des leurs à la fonction de deuxième personnage de l'Etat, comme «logique». Pour eux, au cas ou cette désignation de Bensalah à la tête du Sénat se confirmerait, cela traduirait la volonté du sommet de l'Etat de trouver ce qu'il appelle «un nouvel équilibre politique» entre le FLN et le RND qui reste de surcroît majoritaire dans cette institution avec 76 sièges sur 144. Il reste cependant que, pour l'instant, le principal intéressé, l'ex-président de l'APN, refuse de faire des commentaires à ce sujet. Poste révélateur des grandes orientations dans les hautes sphères de la présidence de la République, il est de tradition qu'il soit confié à des hommes qui ont servi le pays durant de longues années. Et, Abdelkader Bensalah est de ceux-là. Ancien journaliste au quotidien de langue nationale Ech Chaâb, puis tour à tour ambassadeur d'Algérie en Arabie Saoudite et député du FLN alors parti unique, il a été régulièrement sollicité par la suite, notamment depuis l'arrêt du processus électoral de janvier 1992, pour jouer un rôle de premier plan sur le devant de la scène politique algérienne. Porte-parole de la fameuse Commission de dialogue national (CDN) qui a conduit en janvier 1994 Liamine Zeroual à la tête de l'Etat, il a présidé le Conseil national de transition (CNT) jusqu'en juin 1997 date de son élection en tant que député puis président de l'APN à la faveur de la victoire très controversée de son parti le RND dont il a été le secrétaire général et le président. En tout cas, ce qui est sûr c'est que le chef de l'Etat va désigner prochainement les six sénateurs manquants du tiers présidentiel au lendemain de la réunion du constat de vacance de la présidence du Sénat. Et Abdelkader Bensalah pourrait être parmi eux, voire leur président.