La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) a organisé, hier, à Alger, une rencontre avec des associations, réservée à la problématique de l'enfance en Algérie. Coïncidant avec la célébration de la Journée internationale de l'enfance, cette réunion a été une occasion pour les participants pour s'exprimer sur l'environnement des enfants, marqué notamment par “l'absence de l'Etat” et “la démission des parents”. Dans son intervention, Me Hocine Zehouane a abordé le problème de la malnutrition, ainsi que ceux de la “déscolarisation”, de l'exploitation des enfants et du phénomène de maltraitance. “Les enfants maltraités vont devenir des adultes maltraitants”, a alerté le responsable de la ligue, déplorant en même temps les carences en matière de “structuration politique globale” et l'absence de prise en charge de “certaines catégories d'enfants “. “L'avenir de l'Algérie commence au stade de l'enfant”, a déclaré Me Zehouane, non sans avouer que “la problématique de l'enfant est vaste”. C'est pourquoi, énoncera-t-il, la Laddh plaide pour “la création d'un ministère de l'Enfant”, pour mettre en place une “politique nationale de l'enfance (qui) fait défaut aujourd'hui”. Lors du débat, il a proposé la constitution d'une “fédération des associations” qui permettra à la fois de “faire pression sur l'Etat” et de “faire bouger les choses au niveau de la société civile”. “Nous avons beaucoup de retard à rattraper, dans tous les domaines. Il faut donc se mobiliser”, a-t-il signalé. À la question se rapportant au rôle de la Laddh, quant à la défense des droits de l'enfant, Hocine Zehouane a soutenu que la ligue “essaye de soulever les problèmes, d'interpeller les pouvoirs publics et d'aider les associations avec les moyens qu'elle a”. Il a, par ailleurs, rappelé que la Laddh est toujours attachée à l'idée d'une “formation à l'initiation aux droits de l'Homme” au sein de l'école. D'autres membres de la Ligue des droits de l'Homme sont intervenus, pour situer la responsabilité des parents dans l'éducation des enfants et mettre en exergue les limites de la loi, principalement celle relative aux handicapés. “La loi parle d'aide sociale à apporter au handicapé, alors qu'il s'agit de son droit”, a indiqué l'un d'entre eux. La rencontre d'hier a été l'occasion pour les représentants des associations présentes d'échanger leurs expériences et surtout de témoigner de “la dure réalité” des enfants algériens, qu'ils soient “valides” ou handicapés. Une responsable de l'Association El-Amal des handicapés moteurs de Bab El-Oued a appelé à la délivrance d'une carte de handicapé(e) à un enfant, pour soulager un peu ses parents et lui permettre d'accéder à une certaine autonomie. Elle a dénoncé la “non-application des lois”, ainsi que la “marginalisation” de cette catégorie d'enfants, exclus des institutions et organismes nationaux, voire même de leur immeuble, en raison de “l'absence d'accessibilité et de mobilité”. De son côté, une éducatrice d'un jardin d'enfants, implanté à Alger-Centre, a soulevé la problématique des compétences pédagogiques et le refus de recevoir des enfants handicapés. “S'est-on préoccupé de l'importance de l'enfance ?” s'est interrogé à son tour un jeune éducateur de l'école Tewfik de Belcourt. Une question pertinente qui interpelle tout un chacun.