Le directeur du Centre d'études économiques et sociales du Tiers-Monde, le chercheur mexicain Lic Jorge Nuño, a animé mardi dernier une conférence, à l'institut Cervantès d'Alger, autour de l'influence de la culture arabe en Amérique latine. Tout au long de son intervention, M. Nuño a tenté de démontrer que l'Islam est une religion humaniste, qui a réussi à s'étendre grâce aux valeurs morales et humaines qu'il véhiculait. Mais les musulmans en terre européenne, notamment dans la péninsule ibérique, mais également en Amérique latine, ne se sont pas contentés de répandre leur religion, ils ont apporté avec eux une langue, une culture, un savoir-vivre et un savoir-faire. Leur influence a laissé des traces, notamment avec la richesse de la langue espagnole qui compte un nombre conséquent de vocables d'origine arabe, mais également dans les domaines de la céramique et de l'architecture. Selon M. Nuño, les Mexicains et les Algériens se ressemblent. “Nous sommes jaloux, indépendants, nous ne tolérons pas l'oppression et nous tenons à notre indépendance. Moi, ici, je me sens chez moi”, déclare-t-il. D'autre part, le conférencier a insisté sur l'harmonie et la tolérance qui existait entre les communautés mais qui ont été troublées par les attentats du 11 septembre 2001, qui a changé la donne. En fait, depuis cette date historique, il y a eu une intolérance voire une diabolisation de l'Arabo-musulman. “Suite à ces attentats, il y a eu une grande manipulation de la part des Etats-Unis, qui ont fait de l'Islam une religion de violence, et on a consommé cette idée”, révèle-t-il. Le choc des civilisations dont tout le monde parle et que personne n'arrive à définir concrètement est, d'après M. Nuño, une pure invention : il n'existe pas. Lic Jorge Nuño a beaucoup insisté sur l'art architectural. Selon lui, l'architecture mexicaine s'est largement inspirée de celle des Arabes, mais tout cela a, malheureusement, changé de nos jours à cause de la modernité où les belles bâtisses et les féeriques palaces ont été troqués contre des gratte-ciel. À ce propos, le conférencier déclare avec regret : “Des Maures amoureux ont un jour construit des palaces.” Et d'ajouter : “En Amérique, nous sommes toujours en train d'attendre. Nous aimerions apprendre de vous et on aimerait que vous appreniez de nous.” À bon entendeur…