150,1 milliards de dinars. C'est le budget alloué à Béjaïa dans le cadre du plan quinquennal 2005-2009. Ce programme dit "complémentaire de soutien à la croissance (PCSC)" a, certes, financé des projets structurants mais il a fatalement négligé un secteur névralgique : la PME. Les critiques n'ont cessé de pleuvoir sur le faible intérêt des politiques publiques en faveur des petites et moyennes entreprises. La part des PME dans les financements attribués par les budgets alloués à la wilaya est insignifiante : seuls 168,25 millions de DA (soit 0,1% du budget) sont prévus pour financer 7 projets, qui sont tous au stade d'inscription. Y figurent notamment une maison de l'artisanat et un centre de facilitation à la création d'entreprises. Pourquoi ce désintérêt pour la petite et moyenne entreprise ? Pourtant, ce sont elles, les PME, qui réussissent le mieux et qui génèrent le plus d'emplois. Le wali avait évoqué, la semaine dernière, la création de nouvelles plates-formes industrielles. Mais les porteurs de projets se montrent plutôt “septiques” quant à “la concrétisation rapide de cette promesse”. Leur argument ? “Même pour la réhabilitation des zones d'activité existantes, le wali avait affirmé qu'il avait demandé au ministère de l'industrie et de la promotion de l'investissement d'en assurer le financement.” Les chefs de PME appellent l'Etat à “faciliter le financement des projets innovants, pour faire émerger ces PME dont Béjaïa manque tant. Il ne faut pas oublier que les PME représentent 80% du tissu économique local et une large part du volume des offres d'emploi. Pourtant, face à cette performance des PME, l'Etat se montre frileux pour répondre à leurs besoins de plus en plus grandissants. Le document récapitulant l'état des dépenses du dernier programme quinquennal, fait ressortir que “42,2% du budget des PSD ont été investis dans les infrastructures économiques et administratives. L'agriculture et l'hydraulique ont eu droit à 8,95 milliards de DA (12% des PSD)”. Le document affirme avoir accordé “la priorité” au secteur des infrastructures économiques et administratives (dont les routes, le port et l'aéroport). La synthèse présentée aux élus de l'APW, lors de leur dernière session, cite “le renforcement de la jetée est et le quai n°6, le réalignement des quais du port maritime, l'aménagement d'un port de pêche, le projet de réalisation d'un port de pêche et de plaisance sur la cote ouest de Béjaïa”. Autre financement allant dans le sens de la création d'emplois : la réalisation de 5 200 locaux à usage professionnel, visant à créer 15 000 emplois dont “l'étude est achevée”. “2081 locaux sont prêts à être livrés. Les chantiers ne sont pas lancés pour 1072 d'entre eux pour cause de multiples contraintes dont notamment le foncier et les travaux sont en cours pour 2047 locaux.” Ainsi, à défaut d'une grande politique d'aide aux PME, l'Etat se contente de ne proposer que des locaux aux jeunes chômeurs. Les chefs de PME réclament entre autres “un fonds d'aide à la création et un fonds d'encouragement de l'innovation”. Cela dit, les critiques ne ciblent pas que l'Etat. L'université de Béjaïa essuie aussi un sérieux reproche : elle n'a, jusque-là, pas pensé à créer un incubateur des entreprises. Une structure censée assurer un appui et un accompagnement de jeunes promoteurs porteurs de projets pour la création de petites et moyennes entreprises. Une structure qui est également appelée à développer une synergie entre l'entreprise et son environnement mais aussi favoriser l'émergence de projets innovants. Cherif Lahdiri